Intoxication au chloralose à l’île de la Réunion, entre 1988 et 1998 : à propos de 366 cas. Propositions thérapeutiques.

 

P. Schlossmacher*, B-A Gaüzère**, N. Meyer***, M. Hasselmann*

* Service de Réanimation Médicale, CHU Hautepierre, Strasbourg

** Service de Réanimation Polyvalente, CHD Félix Guyon, Saint Denis, La Réunion.

*** Département d' Informatique Médicale, Hospices Civils, Strasbourg.

 

Mots clés : intoxication volontaire, chloralose, diazépam, Ile de la Réunion.

 

Résumé : 366 cas d’intoxication aiguë humaine par rodenticide à base d’alphachloralose, ont été étudiés dans les 3 services de réanimation de l’île de la Réunion, entre 1988 et 1998, dans le but de proposer une conduite thérapeutique simple.

La symptomatologie clinique associe des troubles de la conscience, des myoclonies spontanées et/ou induites, une hypersécrétion bronchique et/ou salivaire et plus rarement des crises comitiales généralisées. La profondeur du coma initial ne préjuge pas de l’évolution ultérieure. La durée de ce coma est en règle inférieure à 48 heures, en l’absence de complications cérébrales anoxiques initiales. Le pronostic est généralement bon (mortalité 1%), sans décès ni séquelles rapportés en l’absence de retard thérapeutique et/ou de complication(s) préhospitalière(s) dans les intoxications chloralosées pures.

Plusieurs modalités de traitement ont été évaluées, comprenant toutes une ventilation mécanique initiale. L’évaluation des traitements symptomatiques objective un bénéfice statistiquement significatif en terme de fréquence des complications observées (OR=0.56, [95 % IC:0.35 - 0.89] p=0.015) et de durée moyenne de séjour en réanimation (pour un seuil de quatre jours et plus : OR=0.59, [95 % IC: 0.36 - 0.97] p=0.033), lors de l’association d’une ventilation mécanique de courte durée (médiane 48 heures), à une sédation parentérale par diazépam (posologie moyenne 2 mg/kg/j).

L’adjonction d’une antibiothérapie probabiliste est souhaitable en regard de la fréquence élevée des pneumopathies d’inhalation précoces qui représentent la complication la plus fréquente de cette intoxication (35%).