Coup de chaleur fatal par défaut d'acclimatation tropicale

Gaüzère B-A, Lavigne Th., Paganin F., Bourdé A, Blanc Ph.

Service de Réanimation, C.H.D. Félix Guyon. 97405 Saint-Denis. Réunion.

 

En milieu tropical, l'activité physique même modérée, expose l'individu non acclimaté, au coup de chaleur.

Le 29 mars 1996 (été austral), un homme de 35 ans, couvreur, présente une perte de connaissance brutale sur les lieux de son travail (toiture plate). A la prise en charge, le SAMU 974 note des convulsions généralisées, un collapsus cardio-vasculaire (PA 70/30 mmHg, tachycardie sinusale à 160 bpm), une température corporelle supérieure à 42°C. En réanimation, le diagnostic de coup de chaleur est porté, l'examen retrouve un score de Glasgow égal à 3, un collapsus (PVC 2 cm d'eau), une oligo-hématurie, des hémorragies diffuses (points de ponction, épistaxis), des phlyctènes dorsales, des téguments secs et gris. La TDM cérébrale est normale. Le bilan biologique objective: un ionogramme normal, une insuffisance rénale: créatininémie: 289 µmol/L, une rhabdomyolyse modérée: CPK 3500, LDH 3600, hypophosphorémie, une cytolyse hépatique: ASAT Nx5, des troubles de coagulation majeurs: TP<10%, facteur V: 1%, fibrinogène <à 0,5, pdf 320, éthanol positif, plaquettes normales, une acidose métabolique modérée. Le traitement associe: ventilation, refroidissement par hémofiltration continue, glaçage, Dantrolène, transfusion de fibrinogène, de plasma frais congelé, remplissage vasculaire et amines vasopressives. Le décès survient à H4, dans un tableau de faillite multiviscérale (IGS 1=33).

Conclusion: La phase d'acclimatation au climat tropical (7 à 14 jours) doit être respectée: boissons abondantes, abstention de boissons alcoolisées, port de vêtements amples et coiffure, montée en charge progressive des activités physiques, sous peine d'accident grave.