Dengues

Pr. Pierre Aubry

 

Répandues dans toutes les zones tropicales et subtropicales du monde. Premier problème de Santé Publique posé par les arboviroses. Quatre sérotypes viraux dénommés « Dengue 1, 2, 3, 4 », n’entraînant pas une protection croisée. Cliniquement, on distingue plusieurs formes de dengue  la dengue asymptomatique, la dengue classique (DC) et les formes graves, notamment hémorragiques, dengue hémorragique (DH) et dengue avec syndrome de choc (DSC), pouvant entraîner la mort, surtout chez l’enfant. Les 4 types de virus de la dengue peuvent être en cause dans les DC comme dans les DH.. On ignore les mécanismes physiopathologiques impliqués dans la genèse des DH. La théorie la plus souvent retenue fait appel au phénomène de la « facilitation immunologique » : un sujet ayant été infecté par l’un des quatre sèrotypes n’étant pas protégé contre les trois autres, une seconde infection, hétérologue, pourrait se traduire par une DH.

Le diagnostic est biologique : recherche d’IgM spécifiques, isolement du virus, PCR… Le sérodiagnostic classique est sans valeur dans les régions tropicales où la dengue est endémique et où circulent bien d’autres Flavivirus.

Le traitement est symptomatique. Le traitement des DH nécessite une unité de soins intensifs.

L’homme est le  principal RdV naturel  (des singes ont été trouvés infectés en Asie et en Afrique) et le disséminateur de virus ; les vecteurs sont des moustiques du genre Aedes : Aedes aegypti est le vecteur majeur, Aedes albopictus  joue un rôle important en zone rurale  et peri-urbaine et supporte bien les climats tempérés. Rappelons que la dengue a sévi en Grèce en 1927-1928.

 

On distingue schématiquement :

- des zones endémiques  où les quatre sérotypes circulent en permanence : le sud-est asiatique où l’on observe les DH,

- des zones épidémiques où un type donné de virus se dissémine de proche en proche, grâce aux déplacements des populations : Océanie, Océan Indien (toutes les îles de l’OI, sauf Madagascar), côte orientale d’Afrique, Amérique tropicale et Caraïbes. 

L’Afrique de l’Ouest représente une situation mal expliquée : circulation du virus parmi les singes, isolement sporadique de souches, cas humains rares. L’Afrique centrale demeure apparemment indemne. Le bassin méditerranéen est de nouveau menacé par l’introduction d’Aedes albopictus.

Les dengues concernent actuellement plus de 100 pays, il y a 50 000 000 de cas/ an, dont

400 000 DH et 30 000 décès. L’augmentation du nombre de cas de dengues peut être expliquée par la croissance démographique incontrôlée de certaines régions du globe, une urbanisation sauvage et l’absence de politique adéquate de gestion de l’eau, mais aussi par la propagation des virus de la dengue par le biais des voyageurs et des échanges commerciaux, ainsi que l’essoufflement des programmes de lutte anti-vectorielle.

Depuis 1989, plusieurs départements et territoires français d’outre-mer ont subi de grandes épidémies et connu l’émergence de formes graves responsables de  décès. Des épidémies sont survenues en 1997 en Polynésie Française et en Martinique. Il n’y a pas de vaccin disponible. Il faut organiser une surveillance constante des populations et des vecteurs et faire un contrôle des Aedes domestiques : insecticides, suppression des gîtes, modes de stockage des eaux.