Le hépatites virales en zones tropicales

Actualité 2003

Professeur Pierre Aubry. Mise à jour le 30/12/2003

 

1.       Généralités 

 

En 1969, Blumberg met en évidence l’antigène Australien AgAu. L’AgHBs de la particule de Dane ou virus de l’hépatite B (VHB) découvert ultérieurement a les mêmes propriétés. Le virus de l’hépatite A (VHA) est identifié en 1973 dans les selles de malades atteints d’hépatites aiguës. L’antigène delta est décrit en 1977 : d’abord considéré comme un nouveau système antigénique, c’est en fait le marqueur sérique d’un nouveau virus, le virus delta, virus défectif étroitement dépendent du VHB.

Cependant, entre 1980 et 1990, d’importantes épidémies d’hépatites à transmission hydrique et de nombreuses hépatites post-transfusionnelles ne sont ni A, ni B.

Ce sont les techniques de biologie moléculaire qui ont permis la découverte du virus de l’hépatite C (VHC) en 1989 et du virus de l’hépatite E (VHE) en 1990.

Il restait encore, il y a 10 ans, environ 20% d’hépatites post-transfusionnelles en quête de virus. Deux nouveaux virus ont été récemment mis en évidence par les mêmes techniques de biologie moléculaire  au cours d’hépatites post-transfusionnelles : le virus de l’hépatite G (VHG) en 1996 et le transfusion-transmitted virus (VTT) en 1997. Mais, leur pathogénicité reste toujours incertaine.

De nombreuses études de prévalence ont été réalisées, en particulier ces 15 dernières années, en zone tropicale. Elles ont montré que l’hépatite à virus A (HVA) est très commune, mais pose peu de problèmes de morbidité, et que les hépatites à virus B (HVB), à virus C (HVC) et à virus E (VHE) constituent un problème majeur de santé publique dans tous les pays tropicaux.

 

Le tableau I résume les principales caractéristiques des virus des hépatites virales actuellement connus :

 

Virus

VHA

 VHB

VHC

VHD

VHE

VHG

TVV

Famille

Picornavirus

Hepadnavirus

Flavivirus

Viroïde

Calcivirus

Flavivirus

Parvovirus

Date de découverte

1973

1969

1989

1977

1990

1996

1997

Gènome

ARN

 ADN

 ARN

ARN

ARN

ARN

ADN

Modes de

transmis-sion

Féco-orale

- indirecte

- directe

Parenté-

rale

Sexuelle Périnatale

Parenté-

rale

Périnatale

Parenté-

rale

Fécoorale

-indirecte

Parentérale

Sexuelle

Périnatale

Parentérale

Chronicité

non

10%

80%

15 à 20%

 non

 non

  ?

Coinfection

  ?

 VHD

 VHC

 VHB

 VIH

 VHB

 ?

 VHC

  VIH

 VHB

 VHC

 

 

2.       Les hépatites transmises par voie féco-orale ou entérale

 

Elles sont dues  au VHA et au VHE. Elles peuvent donner des manifestations aiguës, mais pas de manifestations chroniques.

 

2.1.             L’Hépatite à virus A (HVA) 

 

La prévalence de l’HVA dépend du niveau d’hygiène et dans les pays en développement, la contamination se fait dans la petite enfance : ce sont des pays à forte endémicité.

Le VHA est éliminé en grandes quantités dans les selles des sujets infectés et est résistant dans le milieu extérieur. Sa transmission est féco-orale, à la fois indirecte (eau, aliments) et directe de personne à personne, ce qui représente une modalité majeure de transmission chez l’enfant et explique donc une prévalence proche de 100% dès la petite enfance en zone tropicale. Le réservoir de virus de l’HVA est limité à l’homme.

L’infection aiguë par le VHA est reconnue par la présence d’anticorps anti-VHA de type IgM qui persiste 3 mois. Les anticorps anti-VHA de type IgG persistent indéfiniment, témoignant d’une infection ancienne et guérie. Ils ont donc un intérêt épidémiologique pour établir la prévalence de l’infection par le VHA dans une population.

L’HVA est le plus souvent asymptomatique et lorsqu’elle est symptomatique, l’évolution est rapidement favorable dans la plupart des cas. L’insuffisance hépatique est l’évolution la plus grave de l’HVA. Elle est plus fréquente lorsque l’infection survient à l’âge adulte.

Or, si dans les PED, la quasi-totalité des enfants est immunisée dès la petite enfance, en revanche, pour les migrants et les voyageurs séjournant dans les PED, il y a un risque élevé d’infection par le VHA, la probabilité d’une rencontre avec le VHA dans les pays industrialisés étant inférieure à 40% à 30 ans. La vaccination des groupes à risque (expatriés et voyageurs) est donc très hautement recommandée.

 

2.2.             L’Hépatite à virus E (HVE)

 

Le virus de l’hépatite E (VHE)  a été cloné en 1990. Les enquêtes de prévalence réalisées dans les PED montrent que le taux de prévalence est beaucoup plus bas que celui du VHA (14% au Burundi). Le VHE est éliminé en très faibles quantités dans les selles et est très fragile. Or, l’infection par le VHE nécessite une forte dose infectante de virus La transmission féco-orale est indirecte par l’eau. La contamination se fait chez l’adolescent et l’adulte jeune (plateau à partir de 16-25 ans). L’HVE est une maladie des pays où l’hygiène de l’eau est précaire, avec des épidémies d’une grande ampleur (Delhi, 1955). Le réservoir de virus est à la fois humain et animal  (rats, porcs et autres animaux de la ferme).

Le VHE est le principal agent des hépatites aiguës en zone tropicale. On observe des épidémies dans le sous-continent indien, la Chine, l’Asie du sud-est (Myanmar, Thaïlande, Bornéo), l’Afrique du Nord, l’Afrique noire (Tchad, Soudan, Somalie), l’Egypte, le Mexique.

La fréquence des formes fulminantes constitue la caractéristique la plus remarquable de l’HVE, en particulier chez la femme enceinte avec une mortalité de 10 à 20%.

L’infection aiguë par le VHE est reconnue par la présence d’anticorps anti-VHE de type IgM. L’ARN du VHE précède l ‘apparition des anticorps de type IgM. Les anticorps anti-VHE de type IgG témoignent d’une infection ancienne et guérie. Ils se négativent au cours des années.

Des observations d’HVE sont rapportées chez des voyageurs ayant séjourné dans les pays d’endémie.

Il n’y a pas de vaccin actuellement disponible, bien que le VHE ait un seul type antigénique. La lutte contre l’HVE passe par le traitement des eaux usées et par la distribution d’eau potable.

 

3. Les hépatites transmises par voie parentérale

 

Elles sont dues au VHB (et au virus défectif D), au VHC et aux nouveaux virus  VHG et TTV. Les hépatites à virus B, B+D, C peuvent évoluer vers la chronicité.

 

3.1. L’hépatite à virus B 

 

On estime que deux milliards de personnes sont infectées par le VHB, que 360 millions ont une infection chronique et que l’HVB est responsable de près de 600 000 décès par an : 470 000 par cirrhose et carcinome hépato-cellulaire (CHC), 52 000 dus à une infection aiguë (sur 5 200 000 hépatites aiguës). Le risque de l’HVB est, en effet, l’évolution vers la chronicité avec un potentiel évolutif vers l’hépatite chronique active, la cirrhose et le  CHC.

Dans les régions de forte endémie (Afrique, Asie et Amérique latine), la prévalence est élevée (> 8%), les modes de contamination les plus fréquents sont la transmission verticale mère-enfant à la naissance et la contamination dans la petite enfance avec un risque de chronicité très important, respectivement de 90 et de 30%. La prévalence de l’AgHBs est de 16% à Madagascar, de 15% à Mayotte, de 20% aux Comores.

Dans les pays développés où la prévalence est < 1%, la contamination d’origine sexuelle ou liée à l’usage de drogues a lieu essentiellement entre 15 et 25 ans avec un risque de chronicité faible. Dans ces pays, les populations immigrées de zones à forte endémie gardent un risque élevé. La prévalence est < 1% à La Réunion, mais avec une prévalence élevée chez les Mahorais immigrés.

L’infection aiguë par le VHB est reconnue par la présence de l’AgHBs et de l’anticorps anti-HBc de type IgM. En cas de guérison, l’AgHBs disparaît en moins de 6 mois. Il apparaît l’anti-HBs qui témoigne d’une infection à VHB ancienne et guérie.

Lorsque l’hépatite évolue vers la chronicité, l’AgHBs persiste au-delà de 6 mois et l’anti-HBs n’apparaît pas. L’évolution due au VHB, qui, à la différence des autres virus des hépatites, n’est pas cytopathogène, se fait en 3 phases :

- une première phase « d’immunotolérance » caractérisée par l’absence de réaction du système immunitaire à la présence du virus : réplication virale forte, activité sérique des transaminases normale, durée d’autant prolongée que la contamination se produit à la naissance ou dans l’enfance ;

- une seconde phase dite « immunoréactive » : les hépatocytes infectés sont la cible d’une réaction immunitaire, l’activité sérique des transaminases est élevée, la réplication virale diminue. Cette phase peut se prolonger jusqu’à l’apparition d’une cirrhose ou évoluer vers :

- la troisième phase de porteur chronique inactif (ancien porteur sain) avec arrêt de la réplication virale, normalisation des transaminases, négativation de l’AgHBe et apparition des anticorps anti-HBe. 

L’arrêt spontané de la réplication s’observe dans environ 10% des cas chaque année. La disparition de l’AgHBs est rare : 0,05 à 0,08% des cas par an dans les pays à forte endémie, 1 à 2%  dans les pays à faible endémie.

La disparition de l’AgHBe peut témoigner d’une mutation pré-c du virus. Il y a, en effet, deux souches de VHB : le virus de type «sauvage» dont la multiplication s’accompagne de l’AgHBe et le virus mutant pré-c qui n’exprime pas l’AgHBe et dont la réplication est associée aux anticorps anti-HBe.  Cette mutation doit être suspectée en cas de cytolyse persistante après la séroconversion.

La fréquence de la mutation pré-c est classiquement de 1 à 5%. Elle etait de 35% à Mayotte dans la population mahoraise en 1996. Ce résultat doit être confirmé. La mutation pré-c pose le problème de la prise en charge thérapeutique de ces mutants et la survenue accrue de complications classiquement décrites qui leur sont liées (résistance à l’interféron, risque majeur de CHC, inefficacité relative de la vaccination). 

Le diagnostic différentiel entre virus sauvage non repliquant et infection par un virus mutant pré-c est difficile. Le seul témoin de la réplication virale est l’ADN viral B. En l’absence de réplication virale, la cytolyse chez une personne AgHBs positif, anticorps anti-HBe positif doit faire rechercher une autre cause d’élévation des transaminases : coinfection virale delta ou C, cause non virale d’élévation des trasaminases.

 

Le tableau 2 résume les stades évolutifs des hépatites chroniques B.

 

 

Hépatite peu active très réplicante

Hépatite active réplicante

Hépatite inactive non réplicante

Activité des transaminases

Normale ou peu élevée

Elevée

Normale

ADN viral B sérique

Très élevé

Elevé

Absent

Antigène HBe

Virus sauvage

Virus mutant

 

Présent ++

Absent

 

Présent

Absent

 

Absent

Absent

Anticorps anti HBe

Virus sauvage

Virus mutant

 

Absent

Présent

 

Absent

Présent

 

Présent

Présent

 

Le bilan initial d’une HVB doit comporter le recherche d’une coinfection par le virus D, le VHC, le VIH, le dosage de l’activité sérique des transaminases, la recherche de l’AgHBe et des anticorps antiHBe et l’ADN viral B.  La biopsie hépatique permet de classer l’HVB en forme active ou inactive.

Le traitement des hépatites chroniques à VHB repose sur l’interféron alpha 2a (ROFERONâ) et 2b (INTRONAâ) à effet anti-viral et immunostimulant et sur deux analogues nucléosidiques, la lamivudine (ZEFFIXâ) et l’adéfovir dipivoxil (HEPSERAâ) qui inhibent la réplication virale, mais sont dépourvus d’action sur l’immunité. La lamivudine a un risque de mutation voisin de 50% à deux ans.

Le traitement ne dort être envisagé que chez les malades atteints d’hépatite chronique active. L’objectif est  une séroconversion AgHBe-anti-HBe. Une réactivation avec réapparition de l’AgHBe est possible.

Ces traitements sont difficiles à appliquer en zone tropicale, où les stratégies de prévention doivent être privilégiées. La prévention repose dans las pays à forte endémicité sur la vaccination de masse à la naissance, alors qu’elle repose dans les pays à faible endémicité sur la vaccination à la pré-adolescence en complément de la vaccination des groupes à risque (professionnels de santé, entourage d’un malade infecté, usagers de drogues et vagabonds sexuels).

En 1992, l’OMS a fixé comme objectif l’intégration de la vaccination contre l’HVB dans les programmes de vaccination systématique des enfants de tous les pays avant 1997. En mai 2003, 151 (79%) des 192 Etats Membres de l’OMS vaccinaient systématiquement les nourrissons et les enfants contre l’HVB. Cependant, sur les 89 Etats Membres de l’OMS où la prévalence est > 8%, et où la vaccination universelle des nourrissons contre cette maladie est spécifiquement recommandée, 64 pays seulement (72%) ont adopté cette stratégie ou comptent le faire en 2003.

L’efficacité de ce vaccin est largement démontré : un pays comme Taiwan qui a inclus cette vaccination de routine dans le programme de prévention des nourrissons depuis 1984 voit déjà le nombre de CHC diminuer de moitié chez les enfants de moins de 15 ans.

Les expatriés et voyageurs sont exposés à un risque élevé d’infection par le VHB (contamination sexuelle) et doivent être impérativement vaccinés.

Le taux de séroconversion observé après 3 doses est de 100% chez le nourrisson et de 95%chez l’adulte jeune.

 

2.2. L’Hépatite à virus D :

 

Le VHD (ou virus delta) est un virus défectif qui a besoin pour se multiplier de la présence du VHB.

Il est endémique dans le bassin méditerranéen, le Proche-Orient, l’Afrique subsaharienne et dans certaines régions d’Europe de l’est et d’Amérique latine (Venezuela). Il est plus rare en Asie du sud-est et en Chine.

La contamination se fait selon deux modalités : coinfection ou surinfection. La co-infection VHB/VHD se manifeste dans la plupart des cas par une HVB classique. Le VHD n’augmente pas le risque d’évolution chronique de l’HVB. La double infection VHB/VHD génére par contre une proportion importante d’hépatites fulminantes. En cas de surinfection delta d’une hépatite chronique à VHB, le VHD provoque soit une hépatite aiguë, soit une hépatite fulminante, soit dans 90% des cas une hépatite chronique delta qui vient compliquer l’HVB chronique, avec une évolution rapide vers la cirrhose.

Les marqueurs du VHD ne doivent être recherchés que s’il existe une infection par le VHB. En cas de coinfection, on trouve les marqueurs de l’infection aiguë par le VHB (AgHBs, anticorps anti-HBc IgM) et de l’infection aiguë par le VHD (anti-HD IgM). En cas de surinfection, on trouve l’AgHBs et l’anti HD IgM, mais pas d’anticorps anti-HBc IgM.

 

2.3. L’Hépatite à virus C 

 

On estime que plus des deux tiers des sujets infectés par le VHC (170 000 000 de sujets) vivent en zone tropicale.

 

Le tableau 3 donne le taux de prévalence et le nombre de patients infectés par le VHC estimé par région tropicale en 1999 :

 

 

Région

Taux de prévalence (%)

Nombre de patients infectés (millions)

 

Amérique latine

Afrique

Péninsule arabique

Asie du sud-est

Chine

Océanie

 

Total

 

1,7

5,3

2,1

2,4

3,0

0,4

 

2,9

 

8, 4

31,9

0,8

39,5

38,6

0,1

 

114,6

 

Les régions les plus touchées sont l’Afrique du nord au sud, la Chine et l’Asie du sud-est. Plusieurs pays, notamment en Afrique centrale, ont un taux de prévalence supérieur à 5, voir à 10%. La prévalence à Madagascar varie de 1,2 à 8,8% selon les lieux d’étude.

L’âge est un marqueur de risque primordial : on note une élévation des anti-VHC au-dessus de l’âge de 35 ans avec un maximum à 40 ans. Le mode de contamination classique esr parentéral par les transfusions de produits sanguins, les drogues intra-veineuses : il ne peut expliquer le haut niveau d’endémie observé dans les PED. Le principal facteur de risque pourrait être les injections parentérales réalisées dans de mauvaises conditions : matériel non jetable et stérilisé par la chaleur (la haute prévalence en Egypte, 18,1%, est due au traitement anti-bilharzien intra-musculaire de 1920 à 1980). La transmission sexuelle et la transmission materno-fœtale jouent un rôle mineur, mais la transmission mère-enfant est favorisée en cas de co-infection VIH (30 vs 3%).

Le VHC est un virus à ARN et présente un taux élevé de mutation. Il y a 6 génotypes majeurs. La répartition des génotypes montre que les génotypes 4, 5 et 6  prédominent en zone tropicale.

L’infection aiguë par le VHC est asymptomatique dans 90% des cas. Elle est reconnue par la présence d’anticorps anti-VHC, présents tardivement (60% au 2ème mois, 95% au 4ème mois).Par contre, l’ARN du VHC est positif au début de l’infection.

Dix pour 100 des hépatites aiguës sont symptomatiques, 1% fulminantes.

La persistance des anticorps anti-VHC, après guérison de la phase aiguë, a une signification variable :

- guérison : ALAT normales, ARN du VHC négatif,

- développement d’une hépatite chronique : ALAT en principe élevées, ARN du VHC positif.

L’HVC évolue dans 80% des cas vers la chronicité, vingt pour cent des hépatites chroniques évoluent vers une cirrhose et 3 à 5% des cirrhoses évoluent chaque année vers un CHC. Le VHC  expliquerait  le tiers à la moitié des hépatopathies chroniques, et les deux tiers des CHC, non liés au VHB, en zone tropicale et notamment en Afrique noire. Cependant, le VHC est plus souvent observé en cas d’hépatite chronique ou de cirrhose que de CHC où le virus B garde un rôle prédominant.

Les facteurs influençant l’évolution vers la cirrhose sont l’âge > 40 ans, la prise d’alcool > 50 g/j., la co-infection VHB ou VIH.

La décision du traitement d’une hépatite chronique à VHC est prise après ponction biopsie du foie. Il faut déterminer avant le traitement la charge virale et le génotype du virus.

Le traitement repose sur une bi-thérapie interféron a- ribavirine pendant 24 à 48 semaines suivant le génotype et la charge virale. En cas de génotype 1, 4, 5 et d’une charge virale élevée ou en cas de co-infection VIH, le traitement est long, de 48 semaines.

Dans l’hépatite chronique à VHC, la réponse au traitement est jugée sur les ALAT. Trois types de réponse peuvent être observés :

- absence de normalisation : 50% des cas,

- normalisation pendant le traitement, mais réaugmentation des ALAT dans les 12 mois suivant l’arrêt du traitement : 25% des cas

- normalisation pendant le traitement et persistance de taux normaux après arrêt du traitement : 25% des cas. Dans ce type de réponse, l’ARN du VHC s’est négativé.

Les difficultés du diagnostic immunologique et du traitement dans les PED sont évidentes.

La grande variabilité génétique du VHC rend difficile la mise au point d’un vaccin.

La prévention dans les PEV repose sur le dépistage systématique des anticorps anti-VHC dans les dons du sang et l’utilisation de matériel à usage unique.

L’infection simultanée par le VHB et le VHC reste peu fréquente < 5% des cas. Elle favorise l’évolution vers la cirrhose.

L’infection à VIH/SIDA augmente la réplication virale du VHC et surtout double la fréquence d’évolution vers la cirrhose.

 

2.4. L’Hépatite due au virus G 

 

Sa découverte date de 1996. Son mode de transmission essentiel est parentéral, mais une transmission materno-fœtale a été rapportée. La prévalence du VHG chez les donneurs de sang est variable selon les régions : 0,7% au Japon, 4% en France, 27% en Afrique.

Le diagnostic immunologique repose sur la détection des anticorps anti-E2 ou la présence de l’ARN du VHG.

Le rôle pathogène du VHG n’apparaît pas évident. Le VHG n’explique pas les hépatites fulminantes non A à non E et aucun cas d’hépatite chronique n’a été diagnostiqué après quelques années de surveillance chez les sujets porteurs du VHG.

Le VHG pourrait agir comme co-facteur : la co-infection avec le VHC est très fréquente, mais elle ne modifie ni la clinique, ni les résultats thérapeutiques ; la co-infection avec le VIH est aussi fréquente et aurait paradoxalement un effet protecteur.

 

2.5. L’Hépatite due au TTV 

 

Sa découverte date de 1997. Le diagnostic repose sur la mise en évidence de l’ADN du TTV. Sa transmission est parentérale. Il pourrait être responsable d’ hépatites post-transfusionnelles.
Le TTV serait très répandu, mais sa prévalence étudiée chez les donneurs de sang varie  beaucoup d’un continent à l’autre : elle est de 10% au Japon, de 1,5% en France, de 83% en Gambie. Au cours des hépatites chroniques à VHB ou à VHC, la prévalence moyenne du TTV est de 13%, sans influence sur la sévérité de l’hépatopathie. La pathogénicité du TTV est toujours incertaine.

 

 

La vaccination contre l’HVB doit être impérativement intégrée au PEV dans les pays de forte endémie. En attente de vaccins disponibles, l’ HVC et l’HVE doivent bénéficier de mesures de prévention, toujours difficiles à mettre en pratique en zone tropicale.

 

 

Références

 

Molinié C., Desrame J. L’hépatite E. Med Trop., 1996, 56, 285-288.

 

Debonne J.M., Nicand E., Boutin J.P., Carre D., Buisson Y. L’hapatite C sous les tropiques. Med. Trop., 1999, 59, 508-510.

 

Zoulim F. Vaccination contre le virus de l’hépatite B : données actuelles. Med. Trop., 1999, 59, 503-507.

 

Lepage C., Gagnaire A., Colin C., Hillon P. Traitement de l’hépatite chronique B : les conclusions de la conférence internationale de consensus organisée par l’European association for the study of the liver (EASL). Genève, 13-14 septembre 2002. Mt thérapeutique, 2003, 9, 102-106.

 

OMS. Progrès réalisés sur la voie de la vaccination des enfants contre l’hépatite B, 2003. REH, 2003, 78­, 366-370.

 

Iconographies

 

Répartition mondiale des hépatites A, B, C.

Etats Membres de l’OMS qui ont une politique de vaccination systématique des nourrissons ou des enfants contre l’hépatite B, mai 2003.