Réanimation du sujet en état de mort encéphalique en vue de prélèvement de reins
Réactualisation : 24 /02/2000 – Réactualisation précédente : 16/08/1999 - A réactualiser : 02/2001
B-A Gaüzère
d’après Réanimation du sujet en état de mort encéphalique en vue de prélèvement d’organes. SFAR & Etablissement Français des Greffes et la Société Française de Transplantation. ELSEVIER 1998.
1) Objectifs de la réanimation hémodynamique :
· PAM > 65mmHg · diurèse > 100 mL/h et < 200 mL/h · PVC inférieure à 8 - 10 cm H²O (6-8 mmHg) · PaO²> 100 mmHg · Hémoglobine > 100g/L.
2) Remplissage vasculaire
· Hémoglobine < 100g /L : transfusion d’érythrocytes phénotypés, cytomégalovirus négatif et déleucocytés.
· Albumine non justifiée.
· Dextrans 40 formellement contre-indiqués : précipitation dans le tube proximal en cas d’hypoperfusion rénale et d’oligurie.
· Préférer les gélatines aux HEA (ELOHESÒ). Les gélatines semblent minimiser le recours à l’épuration extra-rénale et diminuent significativement la créatininémie dans les 10 jours suivant la transplantation.
· L’apport initial de 1 à 1.5 L de colloïdes est habituel sous contrôle de la PVC. Les colloïdes diminuent l’œdème cellulaire et interstitiel et augmentent le flux capillaire, tout en diminuant les volumes apportés.
· Réchauffement des perfusions en cas de perfusion rapide. L’hypothermie peut entraîner des troubles du rythme.
· Compensation de la diurèse volume à volume par des solutions hypotoniques.
· Intensification du remplissage avant tout transport.
· Vérification de l’absence d’hypovolémie avant l’injection de produits de contraste.
· Dosage répété des lactates artériels : appréciation globale de l’état hémodynamique.
3) Les catécholamines
· indiquées en cas de persistance d’une hypotension artérielle malgré un remplissage vasculaire satisfaisant.
· Noradrénaline : limiter les posologies à 0.25-0.5 µg.kg-1.min-1. Associer au remplissage vasculaire. Afin d’éviter l’ischémie tissulaire, des posologies supérieures ne doivent être utilisées qu’après monitorage hémodynamique.
· Dopamine : elle est l’alternative initiale, mais est plus discutable, en regard de la physiopathologie. Des doses de 2 à 7 µg.kg-1.min-1, voire jusqu’à 10 µg/kg permettent le plus souvent de rétablir une perfusion tissulaire satisfaisante.
· Dobutamine ou adrénaline : les utiliser seulement en cas de dysfonctionnement myocardique.
· La nécessité de recourir à des fortes doses de dopamine ou d’un vasoconstricteur puissant, doit faire rechercher une hypovolémie, une dysfonction myocardique sévère, ou une hypocalcémie.
4) Diabète insipide
· Diagnostic : osmolarité urinaire < 300 mOsm/L ou densité urinaire < 1005, interprétées selon la glycémie.
· Pertes urinaires > 100 mL/h : compenser par un soluté hypotonique (sérum glucosé à 2.5% enrichi en électrolytes : K+, Ca+, phosphore), selon les ionogrammes successifs (4 à 6 heures).
· Pertes urinaires > 200 mL/h : hormone antidiurétique MINIRINÒ à la dose de 1 à 4 µg par voie IV répétée toute les 2 heures, tant que la diurèse reste supérieure à 200 mL/H.
· Il n’y a pas d’argument pour interrompre l’administration de MINIRINÒ avant le clampage rénal.
· MINIRINÒ doit être préféré à la VASOPRESSINE, en raison de l’absence d’effets vasoconstricteurs et de conséquences délétères sur la fonction rénale.
· La voie IV doit être préférée à la voie nasale, en raison de sa meilleure biodisponibilité.
5) L’hyperglycémie : doit être contrôlée par insulinothérapie, en raison de l’hyperosmolarité et des pertes d’eau qui en résultent.
6) Déséquilibres ioniques
· L’hypocalcémie (mesure du calcium ionisé) diminue les résistances systémiques et l’inotropisme. Peut être à l’origine des besoins en drogues vasoconstrictrices. Doit être absolument corrigée.
· L’hypophosphorémie est plus fréquente et plus sévère. N’est toutefois pas en cause dans les troubles hémodynamiques. Correction souhaitable.
· L’hypokaliémie est la plus menaçante. Dés que la diurèse dépasse 200 mL/h, compenser par une perfusion horaire de 0.5 à 2g de KCl.
7) Régulation thermique. L’hypothermie majore les troubles hémodynamiques et les anomalies de coagulation. Un réchauffement actif doit donc être entrepris, dés que la température devient inférieure à 36.5°C.
8) Antibiothérapie
· soit AUGMENTINÒ 1g X 4/j, en réanimation, dès que le prélèvement est évoqué. C’est la meilleure solution qui évite l’oubli.
Fig. 1 : algorithme thérapeutique
PAM > 65 mmHg
OUI
NON
PVC > 10 cm H²O (> 8 mmHg) + échocardiographie Evaluation hémodynamique : cathétérisme ou échographie répétée Hypovolémie Incompétence myocardique Vasoplégie Remplissage Gélatines Hypothermie ? Hypocalcémie ? Noradrénaline + remplissage Dobutamine Adrénaline
Fig 2 : algorithme thérapeutique du diabète insipide.
Polyurie > 2 mL.kg-1.h-1
Diurèse horaire > 200 mL (> 4 mL.kg-1.h-1) Desmopressine : 1 à 4 g IVD à renouveler toutes les 2 heures tant que la diurèse horaire dépasse 200 mL Diurèse horaire 100 - 200 mL compenser pertes > 2 ml.kg-1.h-1 par sérum glucosé à 2.5% enrichi en électrolytes (KCL, CaCL², Phospore) selon ionogrammes successifs 3. Compenser la polyurie 1. Eliminer polyurie secondaire osmotique (mannitol, hyperglycémie) induite (furosémide) adaptée (surcharge)
orithme thérapeutique
2. Affirmer le diabète insipide hypertonie urinaire (osmolalité < 300 ou densité < 1 005) tendance hypernatrémique et/ou hypermolarité plasmatiques