L’ILE DE LA REUNION, MILIEU INSULAIRE ET TROPICAL

A RISQUES NATURELS MAJEURS

J. FAIVRE 1, P. DE CAMARET 2, Y. JACQUE-ANTOINE 2.

 

Protection Civile 1, Préfecture de la Réunion, 97400 Saint-Denis . Service SMUR/Urgences 2, Association Sanitaire de l’Est, 97470 Saint-Benoît.  SAMU 974 3, CHD de Bellepierre, 97405 Saint-Denis Cedex.

 

RESUME: La Réunion présente des risques naturels majeurs. Des plans de secours spécifiques les prennent en compte.

 

MOTS-CLES :risques naturels, plans.

 

SUMMARY : Réunion Island is very much exposed to natural disasters. Several specific emergency response plans have been developped and implemented to face any crisis situation and to adapt the medical response.

 

KEYWORDS : natural disasters, emergency response.

 

 

I - LES RISQUES NATURELS MAJEURS

 

1-1) - Définition du risque majeur

 

Risque, du verbe risquer, c’est être exposé à, c’est courir le risque de...

 

Les risques peuvent faire l’objet d’une première classification dans laquelle on peut discerner cinq catégories spécifiques :

- Les risques de la vie quotidienne (s’ébouillanter, s’électrocuter) ;

- Les risques de transports (accidents de la route) ;

- Les risques conflictuels (guerres, attentats et terrorisme) ;

- Les risques naturels (tempête, cyclones) ;

- Les risques technologiques (Bhopal, Tchernobyl, Seveso).

 

Mais cette typologie ne permet pas de distinguer les risques courants de ceux que l’on nomme majeurs. Seuls les critères de fréquence et de gravité peuvent nous permettre de faire cette distinction.

 

Donc, si l’on exclue les risques conflictuels, les risques de transports et les risques de la vie quotidienne, le risque majeur correspond à la situation suivante :

- Un seul accident et de nombreuses victimes ;

- Et/ou des dommages importants aux biens et à l’environnement ;

- Une importante mobilisation des hommes et des moyens pendant et après.

 

1-2) - Les risques naturels majeurs de la Réunion

 

Par risques naturels majeurs, on entend tous ceux qui ne sont pas engendrés par l’homme, tels que les tremblements de terre, les cylones, les tornades, les éruptions volcaniques...

 

Une approche analytique de la notion de risque naturel majeur permet de le définir comme la conjonction d’un événement ou d’un phénomène naturel ayant un caractère aléatoire (aléas géodynamiques, atmosphères ou divers) et de la vulnérabilité de personnes, de biens et de l’environnement exposés à cet événement ou à ce phénomène.

 

Il est très rare que l’on puisse empêcher les risques naturels de se produire. Tous les efforts viseront alors à diminuer les effets.

 

A la Réunion les principaux risques naturels majeurs sont les suivants :

- Les cyclones et leurs risques associés tels que les fortes pluies, les inodations, les glissements et mouvements de terrain ;

- Les éruptions volcaniques ;

- Les feux de forêt.

 

II - LA PREVENTION

 

Prévention du verbe prévenir, c’est aller au devant de quelque chose pour l’empêcher, c’est informer, c’est avertir.

 

La prévention, fonction essentielle doit permettre par une réglementation et des mesures locales appropriées d’éviter que le risque ne se réalise ou, à tout le moins, d’en réduire les effets.

 

Mais pour l’essentielle qu’elle soit, cette fonction comporte des limites qui sont liées :

- A la plus ou moins grande prévisibilité des risques ou de leurs effets ;

- Aux défaillances techniques ou humaines ;

- Au caractère inéluctable de certains événements.

 

2-1) - Les responsabilités du Préfet en matière de prévention

 

En amont du risque, les responsabilités du Préfet assisté au sein de la Préfecture du SIRDPC sont pour l’essentiel :

- L’étude des risques et des situations de crise ;

- La sensibilisation et l’information des élus et de la population ;

- L’élaboration, la mise à jour et le suivi des plans de secours ;

- L’organisation et le contrôle des exercices départementaux ;

- Les travaux de commissions de sécurité, en particulier ceux qui son relatifs aux établissements recevant du public ;

- Le suivi de la formation des secouristes et la structuration du réseau des partenaires associatifs de la Sécurité Civile.

 

2-2) - La sensibilisation et l’information des élus et de la population

 

La prévention des risques naturels ou technologiques repose sur des procédures d’autorisations ou d’approbation relatives à l’aménagement de l’espace.

Ces procédures prévoient l’information et la consultation du public, qui peuvent être organisées sous deux régimes différents selon la nature des risques concernés :

- L’enquête publique ;

- L’information prévue par la loi de 1987 (art. 21) relative à la Sécurité Civile.

Quelques exemples de procédures organisant l’information et la consultation du public.

 

- Le Plan d’Occupation des Sols (POS)  est élaboré par le Maire et arrêté en Conseil Municipal après enquête publique.

L’enquête publique est une procédure dont l’objet est d’informer le public et de recueillir, préalablement à certaines décisions, ses appréciations, ses suggestions, ses contre-propositions afin de permettre à l’autorité compétente de tous les éléments nécessaires à son information et donc à la décision.

Ne visant pas l’origine à la prévention des risques, le POS se révèle un outil performant pour faire échec aux risques naturels au travers de sa capacité à maîtriser l’usage des sols de la commune.

Dans les espaces déjà urbanisés, le POS vise tous les travaux soumis à permis de construire pour des constructions nouvelles et des travaux sur des bâtiments existants.

Dans les zones d’urbanisation future, le POS peut prévenir les risques majeurs par l’affectation sélective des sols aux seules activités non susceptibles de compromettre la sécurité et l’hygiène.

De même dans les zones naturelles, le POS intervient par l’interdiction ou la limitation du droit de construire.

Toutes les communes de la Réunion sont dotées d’un POS définitif ou en cours d’actualisation.

 

- Le Plan de Prévention des Risques Naturels Prévisibles (PPR)  est établi selon une procédure déconcentrée sous la responsabilité du Préfet et examiné avec le Maire de la commune concernée, s’agissant notamment des mesures à prendre.

Constatant que de nombreuses zones à risques ne pas délimitées, le Gouvernement a décidé d’accélérer la généralisation des procédures de prévention par l’établissement de PPR. Le programme de réalisation des PPR doit couvrir l’ensemble des secteurs où la vie des personnes peut être menacée.

La circulaire interministérielle du 24 janvier 1994 a redéfini les objectifs qui doivent désormais guider l’action du Préfet en matière de réglementation de l’occupation des sols en zone inondable :

- Les constructions nouvelles dans les zones les plus exposées sont interdites ;

- Les zones inondables doivent être préservées de tout aménagement susceptible de réduire la capacité d’expansion des crues ;

- Les nouveaux endiguements susceptibles de restreindre l’expansion des crues sont interdits, à l’exception toutefois de ceux nécessaires à la protection des quartiers urbains denses existants exposés aux crues.

Il n’existe aucun PPR à la Réunion. Quatre sont en cours de finalisation et ont été transmis aux Sous-Préfets d’arrondissement et aux Maires des communes concernées pour examen. Tous les PPR de l’île seront, à priori, disponibles pour l’an 2000.

 

- L’information prévue par la loi de 1987 (art. 21) relative à la Sécurité Civile : La législation française (loi raltive à la Sécurité Civile de 1987 et son décret d’application) donne aux citoyens un droit à l’information sur les risques majeurs qui les menacent. L’application de ce droit met en jeu la responsabilité de plusieurs acteurs. Le principe de la co-responsabilité du Préfet et du Maire de la commune a été retenu pour assurer l’information de la population.

Le Préfet établit la liste des communes soumises à des risques naturels ou technologiques et adresse à chaque maire un dossier synthétique sur les risques encourus dans la commune. Ce dossier comprend la description des risques, les conséquences prévisibles ainsi que les mesures de sauvegarde.

La Maire organise l’information de ses concitoyens dans les zones à risques. Il établit un dossier communal d’information sur les risques répertoriés sur le territoire de la commune et les mesures de sauvegarde afférentes.

Ces deux dossiers peuvent être librement consultés en mairie. De plus, en application du plan d’affichage, les établissements recevant du public dont l’effectif est supérieur à 50 personnes, placardent des affiches décrivant les risques majeurs susceptibles de se produire et donnant les bons réflexes à avoir.

 

- La Cellule d’Analyse des Risques et d’Information Préventive (CARIP) : Afin de mettre en oeuvre et de suivre toutes ces actions d’information et de sensibilisation, une Cellule d’Analyse des Risques et d’Information Préventive (CARIP) animée par le Service Interministériel Régional de Défense et de Protection Civile (SIRDPC) a été créée à la Réunion en 1991.

La stratégie de communication est fondée d’une part sur les obligations de la loi de 1987 relative à la Sécurité Civile, d’autre part, sur les résultats de l’enquête de perception des risques majeurs  effectuée fin 1991 sur la commune du Port en milieux familial et scolaire. La CARIP a élaboré pour ce qui concerne les risques naturels majeurs :

- Le Dossier Départemental des Risques majeurs (DDRM) ;

- Quelques dossiers communaux synthétiques ;

- Une fiche d’information expliquant le risque cyclonique et le nouveau système d’alerte cyclonique à la Réunion ;

- Un film vidéo reprenant les informations de la fiche précitée qui est régulièrement diffusé sur RFO et RFM ;

- Des affiches concentrant les risques « Fortes Pluies-Inondation », « Cyclone », « Mouvements de Terrain », « Eruptions Volcaniques », et « Feux de Forêts » ;

- Un répertoire regroupant les affiches précitées ;

- Un disque cyclonique présentant le risque cyclonique et les consignes à suivre pour les élèves des classes de 4ème et de CM2.

 

2-3) - La planification des secours - La gestion prévisionnelle de la crise

 

Prévision du verbe prévoir, c’est prendre les précautions nécessaires en vue d’une action précise.

 

Faire face aux situations de crise qui résultent d’un accident majeur d’origine naturelle ou technologique ne peut se réduire à improviser des secours le moment venu.

 

Entre la prévention des risques et la distribution des secours s’intercale une fonction qui est consacrée par la loi : celle qui consiste, à partir de l’évaluation des risques prévisibles, à préparer à l’avance et de façon concertée une organisation des secours rationnelle et adpatée à chaque type d’accident.

 

La planification est ainsi devenue l’une des missions essentielles et permanente de l’Etat en matière de Sécurité Civile qui se traduit par la préparation des mesures de sauvegarde, du plan ORSEC et des plans d’urgence.

 

C’est ainsi que l’on peut tendre vers une gestion prévisionnelle de crise.

 

Comment se situent l’intervention de l’Etat et celle des Collectivités Locales dans ce contexte ?

 

Depuis plus de deux siècles, la loi confie aux Maires le soin de prévenir par des précautions convenables, et de faire cesser, par la distribution de secours nécessaires, les accidents et les fléaux calamiteux.

Cette conception traditionnelle de la sécurité au quotidien existe toujours et n’est pas remise en cause. Mais l’existence de risques nouveaux dus aux progrès technologiques, le nombre de catastrophes, ont suscité une intervention croissante de l’Etat, afin de soutenir et renforcer l’action des collectivités locales  dans ce domaine.

La loi de 1987 relative à la Sécurité Civile traduit l’idée selon laquelle à partir d’un certain seuil de gravité et de complexité, l’organisation des secours devient davantage l’affaire de l’Etat. C’est le passage du risque quotidien à l’accident majeur (la crise).

La rôle de l’Etat dans la gestion prévisionnelle de la crise est donc déterminant. L’idée d’une gestion prévisionnelle du soucis qui, en 1952, fut à l’origine du plan ORSEC : celui de permettre la mise en jeu rapide et efficace de tous les moyens de secours disponibles face à un accident grave.

La nécessité de répondre à l’appel d’un Maire qui n’a pas les moyens de faire face à l’événement, celle d’intervenir lorsque la sécurité est menacée dans deux ou plusieurs communes et à fortiori, sur l’ensemble du département, ont conduit tout actuellement à confier à l’Etat le soin d’organiser les secours dans le cadre du département.

La fonction prévisionnelle n’est pas nouvelle mais son contenu a connu une forte évolution liée aux expériences acquises et à la diversification des risques, de sorte que l’on peut parler aujourd’hui d’une véritable gestion prévisionnelle de la crise.

Au terme de cette évolution, consacrée par la loi de 1987, une typologie de plans correspondant à deux approches conceptuelles peut être opérée le plan ORSEC d’un côté et les Plans d’Urgence de l’autre.

 

- Le Plan ORSEC  constitue un système polyvalent de gestion de crise lorsque la catastrophe ne peut être prévue en termes de probabilité de lieu, d’ampleur ou d’effets.

C’est ce qu’on pourrait appeler un « plan de structure ». Il est élaboré par le Préfet.

L’idée de base, c’est que, dans toutes les opérations majeures quelle que soit leur nature, la gestion de crise implique un organigramme de commandement et de distribution des responsabilités.

Ainsi la distribution des responsabilités est partagée par les cinq services ORSEC qui correspondent aux fonctions fondamentales d’une opération de grande ampleur : police et renseignements, secours et sauvetage, soins médicaux et entraide, transports et travaux, liaisons et transmissions.

Cette « division du travail » s’exerce dans une aire géographique, le département, en ayant à sa tête un responsable pour diriger l’action de ces services, le Préfet.

A cette structure de commandement s’ajoute un répertoire de moyens de toutes natures et un annuaire téléphonique des différents intervenants.

Gérer l’imprévisible, tel est l’objet du Plan ORSEC. Il ne prévoit pas un catalogue de recettes ou de réponses programmées à des situations prévues à l’avance, mais des moyens de secours publics et privés ainsi qu’une organisation. Il ne se substitue pas davantage au règlement particulier des organismes qui vont intervenir.

Au Plan ORSEC Départemental, la loi a ajouté en 1987 le Plan ORSEC National qui peut, en cas de crise d’une grande ampleur, être déclenché par le Premier Ministre.

 

- Les plans d’Urgence : En complément de ce système polyvalent ou à sa place, lorsque l’analyse prévisionnelle de situation peut être effectuée, les Plans d’Urgence, qui prennent en compte des risques de nature particulière, constituent des outils de gestion de crise plus spécialisés.

Les Plans d’Urgence comprennent :

            - Les Plans Particuliers d’Intervention, appelés PPI,

            - Le Plan Rouge, plan destiné à porter secours à de nombreuses victimes,

            - Les Plans de Secours Spécialisés, appelés PSS.

 

Les Plans de Secours Spécialisés (PSS)  procèdent d’une approche fondée sur l’analyse des risques prévisibles. Les PSS sont établis pour faire face :

- Aux risques technologiques qui n’ont pas fait l’objet d’un PPI (les Transports de Matières Dangereuses (TMD) par exemple ;

- Aux risques liés à un accident ou à un sinistre de nature à porter atteinte à la vie des populations (fortes pluies, cyclone, éruption volcanique, feux de forêts, transport en commun et aériens, etc.).

 

Le Plan Rouge, plan destiné à porter secours à de nombreuses victimes, prévoit les procédures de secours d’urgence en vue de remédier aux conséquences d’un événement entraînant ou pouvant entraîner de nombreuses victimes (accident de transport en commun, crash d’avion, grand rassemblement...). Il met essentiellement en oeuvre les moyens des sapeurs-pompiers et du SAMU. Lors du déclenchement d’un Plan Rouge, les Plans Blancs des hôpitaux sont immédiatement mis en oeuvre ; ils consistent à préparer un afflux massif de victimes.

 

- Les Plans de Secours élaborés à la Réunion :

- Plan ORSEC ;

- PPI de la SRPP au Port ;

- PPI de la centrale thermique EDF au Port ;

- Plan Rouge ;

- PSS « Cyclone » ;

- PSS « Fortes Pluies » :

- PSS « Eruptions Volcaniques » ;

- PSS « Aérodrome de Saint-Denis Gillot » ;

- PSS « SATER » ;

- PSS « Service Prioritaire en Energie Electrique » ;

- PSS « Electro Secours » ;

- PSS «  Lutte contre les Perturbations sur un Réseau de Distribution d’Eau Potable » ;

- PSS « Feux de forêts » ;

- PSS « Intervention en Montagne et au Volcan » ;

- PSS « Pollution Marine à Terre » ;

- PSS « Transports Matières Dangereuses » ;

- Plan de Délestage ou de Déviation de la Circulation Routière.

 

Ils sont élaborés et déclenchés le cas échéant par le Préfet. Ils sont régulièrement mis à jour.

 

Le Plan ORSEC peut être déclenché d’emblée, simultanément ou postérieurement à la mise en oeuvre d’un ou de plusieurs Plans d’Urgences.

 

2-4) - L’organisation et le contrôle des exercices départementaux

 

La capacité à conduire une crise dépend dans une très large mesure de ce qui a été mis en place avant l’épreuve. Mais il ne suffit pas d’élaborer des plans de secours pour être totalement prêt, encore faut-il les tester et mettre les acteurs de la gestion de crise en situation.

 

Lorsqu’il s’agit de gérer des crises, l’essentiel est d’avoir échangé sur les vulnérabilités, les doutes, les situations « impensables » propres à chacune des équipes et des organisations impliquées.

 

Maintenant que la planification des secours (la gestion prévisionnelle de la crise) est quasiment terminée, engager et conduire l’apprentissage devient la priorité.

 

L’organisation des exercices poursuit un double but :

- Le premier consiste à mettre les acteurs de la gestion de crise en situation, par la résolution des cas concrets et à faire travailler ensemble les hommes des services intervenants pour qu’ils apprennent à mieux se connaître, à créer des liens plus profonds ;

- Le deuxième vise à s’entraîner aux procédures, aux mesures définies dans les plans de secours, à tirer en toute humilité les conclusions qui en découlent et à apporter les améliorations nécessaires aux plans de secours.

 

L’objectif de ces exercices est de former des individus et, surtout, de former des équipes soudées et créatives. En effet, la gestion de crise impose et suppose pour être réglée avec succès des équipes compétentes, modernes et entraînées.

 

Plusieurs exercices ont été organisés ces dernières années. Le PSS « Aérodrome de Saint-Denis Gillot » a été joué trois fois, et le Plan Rouge plusieurs fois. Les Plans Blancs découlant du Plan Rouge ont été joué deux fois, mais bien incomplètement.

 

Les enseignements tirés de ces exercices ont permis d’améliorer sensiblement les procédures d’intervention et d’acquérir des moyens de télécommunication.

 

Une planification appropriée conditionne le bon déroulement des opérations de secours en cas de crise, mais elle n’est pas seule. Le choix des moyens, le réajustement à la situation, leur bonne coordination sont déterminants lorsque l’accident survient.

 

Nous entrons alors dans la phase opérationnelle de la crise.

 

III - LA GESTION OPERATIONNELLE

 

Opération du verbe opérer, c’est accomplir une action par une suite ordonnée d’actes et opérations.

 

Dans cette phase opérationnelle, les missions prioritaires à assumer sont les suivantes :

- La protection des populations (alerte, information et secours) ;

- La continuité de l’action gouvernementale (sécurité des bâtiments publics, points sensibles, transmissions et communication) ;

- Le maintien de la sécurité intérieure et la maîtrise des problèmes d’ordre public ;

- La garantie et la protection des fonctions essentielles à la vie nationale (ravitaillement, transports, production d’énergie, télécommunications) ;

- La communication à destination du public et de la presse.

 

Les compétences respectives du Maire et du Préfet à la crise :

 

Rappelons que c’est en vertu de ses pouvoirs de police municipale (Code Général des Collectivités Territoriales) que le Maire est chargé de prévenir les accidents et d’assurer les secours sur le territoire de sa commune.

En cas de sinistre ou de menace de sinistre, il lui appartient de diriger les opérations de secours et il peur procéder le cas échéant à la réquisition.

Pour exercer cette responsabilité, le Maire dispose de services spécialisés susceptibles d’intervenir à tout moment. Il s’agit pour l’essentiel des sapeurs-pompiers.

En raison de la gravité de la situation ou de l’insuffisance des moyens dont il dispose, le Maire agissant seul droit - selon l’expression consacrée - « en appeler à l’autorité supérieure », donc faire appel au Préfet.

Le Préfet intervient alors en tant que responsable opérationnel de la Direction Départemental des Services d’Incendie et de Secours (DDIS), ce qui lui permet de mobiliser des moyens dépassant le cadre de la commune qui sont mis à la disposition du Maire.

Le Préfet peut également faire appel - si la situation le rend nécessaire - aux différents services de l’Etat placés sous son autorité, qui sont à même de fournir des moyens d’intervention et des éléments d’expertise.

Dans cette situation, le Maire reste, en l’absence du déclenchement d’un plan de secours par le Préfet, l’autorité compétente pour gérer la crise.

Il est cependant très fréquent que la crise produise des effets sur plusieurs communes, par exemple les cyclones. Dans ce cas le Préfet coordonne les moyens de secours publics et privés.

 

Dans cette gradation du dispositif, le déclenchement du Plan ORSEC ou d’un Plan d’Urgence opère un véritable transfert de compétence. En effet, lors du déclenchement d’un plan de secours, le Préfet est l’autorité compétente pour gérer la crise. Il dirige les opérations de secours.

 

Son rôle s’exerce bien entendu en étroite relation avec les Maires des communes concernées qui disposent de services propres et concernent des responsabilités importantes, notamment en matière d’accueil, d’hébergement et le cas échéant d’organisation de l’évacuation si celle-ci est décidée par le Préfet.

 

Toutefois, le principe de base des plans de secours reste l’unité de commandement. C’est le Préfet qui dirige l’ensemble des moyens de secours.

 

Pour gérer une telle crise, le Préfet dispose d’outils spécifiques capables de mener à bien toutes ces étapes. Le Plan ORSEC les définit.

Les outils pour gérer la crise à la disposition du Préfet :

 

- Le centre Opérationnel de Défense (COD) : Pour gérer les crises, un Etat-Major est mis sur pied, le Centre Opérationnel de Défense (COD). Cette structure de commandement, conçue initialement pour la coopération civilo-militaire est bien adaptée à tout situation exceptionnelle.

Le COD comprend cinq cellules :

            - Ordre public ;

            - Protection des populations ;

            - Economie ;

            - Militaire ;

            - Télécommunications ;

            - Relations avec les Elus, le public et les média.

Le COD a pour mission :

            - De recueillir le renseignement et d’en faire l’exploitation ;

            - De soutenir les opérations de secours engagées par le Poste de Commandement Opérationnelle installée sur le terrain ;

            - D’assurer le suivi de l’évolution de la situation et de préparer les décisions du Préfet ;

            - De suivre l’exécution de ces décisions et d’en assurer le contrôle ;

            - De demander des moyens supplémentaires au niveau national.

 

- Le Poste de Commandement Opérationnel : tous les plans de secours prévoient l’activation, sur le terrain, au plus près de l’événement d’un Poste de Commandement Opérationnel (PCO).

Le Préfet qui assume la direction générale des opérations de secours se tient au PCO. Cette structure de commandement a notamment pour mission :

            - D’organiser et diriger les opérations de secours ;

            - D’envoyer des comptes-rendus et de demander des renforts au COD.

 

- Les Groupements d’Intervention / COD dans les Sous-Préfectures : Pour l’application du plan ORSEC, le département de la Réunion est divisé en quatre secteurs dont les limites correspondent à celles des arrondissements.

L’ensemble des moyens des services ORSEC recensés dans l’arrondissement constitue le groupement d’intervention désigné sous l’appellation :

            - Groupement de Saint-Pierre ;

            - Groupement de Saint-Paul ;

            - Groupement de Saint-benôît.

Le Sous-Préfet de l’arrondissement est responsable de l’organisation du groupement et chargé de la direction des secours lorsque ce groupement est engagé en tant que tel dans un secteur d’opérations autonomes.

Toutes ces structures sont des organismes de gestion de crise.

Ils concentrent les spécialistes-détenteurs des mesures er plans.

Ils permettent une action efficace et rapide.

 

- La montée en puissance des moyens d’intervention : Chargé d’assurer la direction de l’ensemble des opérations de secours dès qu’il y a déclenchement du plan ORSEC ou d’un Plan d’Urgence, le Préfet doit apprécier la nécessité de faire appel ou non à la réserve de moyens existants au niveau national.

Au niveau national, le Ministre de l’intérieur assure la coordination de l’ensemble des moyens de secours de l’Etat et des collectivités locales sur l’ensemble du territoire.

C’est la mission exercée par le Centre Opérationnel de la Direction de la Sécurité Civile (CODISC). Il peut aussi faire appel à des experts d’autres ministères qui renforcent le CODISC.

 

L’aide de l’Etat peut ainsi se traduire par :

            - Le détachement auprès du Préfet d’un état-major de crise ou de personnels spécialisés ;

            - L’acheminement de moyens nationaux publics ou privés. Ceux qui relèvent de la Direction de la Sécurité  Civile, du Ministère de la Défense, du Ministère de la Santé ;

            - L’aide d’expertise.

Ces secours peuvent être dépêchés sous forme de Détachements d’Intervention Catastrophe Aéromobile (DICA) qui sont autonomes avec leur propre logistique et un commandement unique. Ces DICA existent au sein des Unités de la Sécurité Civile (USC) et peuvent être constituées à partir de corps de sapeurs-pompiers.

Nous avons pu juger de leur efficacité lors du détachement à la Réunion, d’une Unité de la Sécurité Civile, celle de Brignolles, qui est intervenue pour les feux de forêt au Grand Brûlé et lors du passage de cyclone COLINA en janvier 1993.

L’aide peut aussi provenir des associations dont le rôle est complémentaire telles que la Croix Rouge, les Associations de Secourisme, de Protection Civile et de Radio-Amateur de la Sécurité Civile.

Ces différents moyens mobilisés au niveau national sont mis à la disposition du Préfet de Département qui reste, même dans ce cas, le Directeur Général de l’Organisation des Secours.

 

Face à une crise au plan local, le Préfet de Département constitue ainsi le pivot d’une organisation des secours qui s’appuie sur les moyens de l’Etat et des Collectivités Locales.

 

Ainsi peut-on tracer les contours de l’intervention de l’Etat face à une crise majeure au niveau local. Ces contours varient selon l’ampleur ou la nature de l’accident dont il s’agir de combattre les effets par la mise en jeu rapide et ordonnée des moyens de secours.

Cette variabilité traduit le souci d’une adaptation constante à la diversité des situations de crise.

Ainsi si la capacité d’adaptation d’un système de gestion de crise doit toujours être recherchée et testée, les principes de base sur lesquels ils se trouvent fondés demeurent une constante :

            - L’analyse prévisionnelle ;

            - Une planification appropriée ;

            - Une unité de commandement ;

            - Une coordination des moyens.

 

Enfin, si l’on cherche à trouver le fondement du rôle de l’Etat dans uns crise majeure au niveau local, il est facile, à mon sens, de retenir au moins trois éléments :

            - La capacité de l’Etat à mobiliser des moyens ;

            - Son réseau d’expertise ;

            - Son système de veille.

 

Ces éléments que certains qualifieraient de techniques traduisent le fait que l’Etat est bien l’expression de la solidarité nationale. C’est là en définitive ce qui fonde sa légitimité.