Le sida tropical. Actualités 2003.

Professeur Pierre Auby. Mise à jour le 4 février 2004

 

L’immense majorité des infections dues au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) intéresse les pays en développement (PED), pour la plupart située en régions tropicales, où actuellement l’accès aux médicaments anti-rétrovirus (ARV) est encore limité.

 

1-       La pandémie de VIH/SIDA fin 2002 dans les régions tropicales

 

En 1981, les premiers cas de sida étaient décrits aux Etats Unis d’Amérique. Plus de 20 ans après, la situation est dramatique dans les PED, et tout particulièrement an Afrique subsaharienne.

 

Le tableau I résume statistiques et caractéristiques régionales du VIH/SIDA fin 2002.

 

Région

Début épidémie

Adultes et

enfants vivant

avec le

VIH/SIDA

Adultes et enfants infectés en 2002

Taux de  prévalence  chez les adultes

Femmes parmi les  adultes VIH+ (%)

Principaux modes de transmission en 2002

Afrique

subsaharienne

Début années 1980

29 400 000

3 500 000

8,8

 58

 Hétérosexuel

 TME (1)

Asie du sud

et du sud-est

Fin années 1980

6 000 000

 

700 000

0,6

36

 Hétérosexuel

 UDI (2)

 TME

Asie de l’Est

et Pacifique

Fin années 1980

1 200 000

270 000

0,1

24

UDI

Hétérosexuel

Homosexuel

Amérique

latine

Début années 1980

1 500 000

150 000

0,6

30

Homosexuel

UDI

Hétérosexuel

TME

Caraïbes

Début années 1980

440 000

60 000

2,4

50

Hétérosexuel

TME
Homosexuel

 

(1)     TME : Transmission mère-enfant

(2)      UDI : Usagers de drogues injectables

 

Quelle est la situation fin 2003 ?

Trente quatre à quarante six millions  (chiffre moyen : 40 millions) d’adultes et d’enfants vivant avec le VIH/SIDA à la fin de 2003 ; 5 millions, dont 700 000 enfants infectés ; 3 millions de décès, dont 250 000 enfants en 2003.

 

1.1. L’Afrique subsaharienne est toujours la région la plus touchée en 2003: 26 600 000 personnes

vivant avec le VIH/SIDA [PVVS] (66%) ; 2 300 000 décès (plus de 75%) ; 3 200 000 nouveaux cas  (64%). Mais, il existe toujours en Afrique subsaharienne des variations importantes de prévalence du VIH.

 

1.1.1-L’Afrique orientale a été la région touchée par l’épidémie depuis le plus longtemps en Afrique. Le taux de prévalence dans les centres de soins prénatals est de 10 à 15 % en milieu urbain, < 10% en milieu rural. L’épidémie diminue lentement d’intensité (Burundi, Ethiopie, Kenya, Ouganda).

 

1.1.2- L’Afrique australe est la partie du continent la plus touchée . La prévalence dans les centres de soins prénatals est > 25%. La prévalence médiane est de 26% en 2001-2002 (20% en 1997-1998). Il n’y a pas de diminution de la prévalence.

 

 1.1.3- En Afrique centrale, la situation est difficile à évaluer en raison des activités de surveillance limitées. C’est en République Centrafricaine que le taux de prévalence est le plus élevé chez la femme enceinte: 14,5%, le niveau étant aussi très élevé au Cameroun.

1.1.4. En Afrique de l’ouest, on note des différences importantes quant à l’étendue de l’épidémie. La  prévalence chez la femme enceinte est > 10% en Côte d’Ivoire, de 5,8% au Nigeria. A l’opposé, elle est de 1% en Gambie, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal.

 

1.2- En Asie et dans le Pacifique : 7 400 000 PVVS, 460 000 décès. On observe une inversion à la tendance à la progression de l’épidémie en Thaïlande, depuis 1999, et plus récemment au Cambodge.

 

1.3- En Amérique latine et aux Caraïbes : 2 millions PVVS, surtout des homosexuels et des UDI, mais certains pays de la région présentent des taux croissants de transmission hétérosexuelle. Le traitement par ARV a entraîné une stabilisation depuis 1999 au Brésil. Les Caraïbes restent la sous-région où l’on observe la prévalence la plus élevée hors d’Afrique.

 

1.5- En Europe orientale et en Asie Centrale : 1 500 000 PVVS, 230 000 nouveaux cas, surtout chez des UDI.

 

1.6. En Afrique du nord et au Moyen-Orient : 600 000 PVVS. La prévalence est faible (sauf au Soudan). Il s’agit surtout d’UDI.

 

1.7. Dans les pays industrialisés d’Amérique du nord, d’Europe occidentale et du Pacifique, où les ARV sont utilisés, l’incidence est identique, les progrès en matière de prévention étant en retrait par rapport aux progrès en matière de traitement. On compte 1 200 000 PVVS et 55 000 nouveaux cas en 2003.

 

Dans l’Océan Indien, où les premiers cas de sida sont connus depuis 1987, seul le nombre de cas cumulés de sida était jusqu’ici signalé à l’OMS (fin 2001 : 70 cas à Maurice, 41 cas aux Seychelles, 42 cas à Madagascar). Dans une enquête nationale menée à Madagascar en 2003, la prévalence de l’infection à VIH/SIDA est chez les femmes enceintes de 1,10%, ce qui montre une progression explosive de l’épidémie (à comparer, sous réserves, à une prévalence de 0,31 chez les prostituées en 1996, et de 0,75% chez les malades présentant une infection sexuellement transmissible en 2000). A La Réunion 510 patients étaient suivis dans la file active en 2002, 33 à Mayotte en 2003. La prévalence aux Comores est mal connue (pas de données à Anjouan et à Moheli de 1997 à 2001).

 

En résumé, l’infection à VIH/SIDA continue à se propager dans certains régions du monde, en particulier en Afrique australe. Elle est stable dans d’autres régions (Afrique orientale). Certains pays, comme la Thaïlande et le Brésil, ont réussi à réduire la prévalence du VIH.

 

Le tableau II montre que la. transmission hétérosexuelle prédomine actuellement dans  toutes les régions tropicales. L’augmentation de la transmission hétérosexuelle en Asie et en Amérique latine explique l’augmentation de la transmission de la mère à l’enfant dans ces régions.

Quant à la transmission par le sang et les dérivés du sang, elle diminue partout : elle est chiffrée à

2% en Afrique subsaharienne, due à des transfusions de sang  faites sans test du donneur dans de petites structures hospitalières et surtout aux produits sanguins et aiguilles et seringues réutilisées sans stérilisation préalable. Par contre , la transmission chez les usagers de drogues injectables (UDI) augmente dans les grandes villes d’Amérique latine et d’Asie.

 

Tableau II- Pourcentage des cas de sida notifiés selon le mode de transmission.

 

Région

 Hétérosexuel

 Homosexuel

     UDI

Transfusions

    TME

  Autres

Afrique

subsaharienne

        87

        0        

        1 

 

        2

 

       10

 

       1

 

Asie (excluant le Japon)

        85

        1

         8

        0

         4

        1

Amérique (excluant le Canada et les USA)

        53

       27

       14

        0

 

         4   

 

        1

 

Pays industrialisés

         23

       38

        36

         1

          1

         0

 

 

 

2. Les virus de l’immunodéficience humaine.

Une des caractéristiques essentielle des VIH est leur très grande diversité génétique. Actuellement, on distingue deux types viraux majeurs, les VIH-1 et VIH-2, résultat de deux transmissions zoonotiques différentes, à partir de chimpanzés pour le VIH-1 et de sooty mangabey pour le VIH-2. Plus de 20 autres virus simiens ont été caractérisés, certains sont susceptibles d’être transmis à l’homme.

Le VIH-1 est très largement répandu à travers le monde. Il est cause de la pandémie et pose un problème majeur de santé publique dans tous les continents.

Le VIH-2 a une diffusion beaucoup plus limitée. Il est essentiellement présent en Afrique de l’ouest, en particulier en Guinée-Bissau, Gambie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina-Faso, et a atteint le Mozambique et l’Angola, ex-colonies portugaises à partir de la Guinée-Bissau,  et hors d’Afrique l’Inde et le Brésil. L’infection à VIH-2 ne s’est pas développée sous une forme épidémique.

L’analyse phylogénétique a permis de décrire trois groupes pour le VIH-1 : M pour Major, N pour Nouveau ou Non O Non M, et O pour Outlier. Les souches du groupe M représentent presque toutes les souches circulantes. Les virus du groupe O ne représentent qu’une minorité de souches circulantes. Ils sont trouvés en Afrique centrale et plus spécialement au Cameroun où ils représentent 2 % des VIH-1. Le groupe N a été identifié chez une quinzaine de patients camerounais. Le groupe M est sous-divisé en 9 sous-types : A, B, C, D, E, F, G, H, J, certains dits «purs», d’autres recombinants, mosaïques de différents sous-types. Certains virus mosaïques jouent un rôle majeur dans l’épidémie mondiale de sida, d’où leur appellation de «Circulating Recombinants Forms» ou CRFs.

Les différents sous-types prédominants du VIH-1 se répartissent ainsi suivant les régions : Afrique de l’ouest (A), Afrique de l’est et du sud (C), Afrique centrale (A, C, D, CRF_01AE, F, CRF_ 02AG, H, J), Inde (C), Asie du sud-est (B, CRF_01AE), Amérique latine : B, F. La diversité génétique du VIH-1 en régions tropicales a des conséquences sur les performances diagnostiques de certains tests de dépistage ou de mesure de la charge virale (VIH-1 du  groupe O),  sur la sensibilité des souches  aux traitements disponibles (les VIH-1 du groupe O sont naturellement résistants aux inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase  [INNTI] ), sur les recherches vaccinales (la plupart des prototypes vaccinaux en développement utilisent comme base antigénique le sous-type B, prédominant en Occident, alors que l’importance  de ces candidats vaccins à engendrer des réactions croisées vis-à-vis des autres sous-types est  encore peu connue).

 

3- Les particularités cliniques du sida sous les tropiques. Le profil du sida s’est considérablement modifié dès 1996 dans les pays industrialisés après la mise à disposition de traitements ARV actifs). Mais, le sida s’exprime toujours dans les PED, en l’absence d’ARV, essentiellement par des affections opportunistes : infections et/ ou tumeurs, dans un contexte d’atteinte de l’état général où deux symptômes dominent : la fièvre et l’amaigrissement. On considère comme malades les sujets infectés par le VIH dont le taux de CD4 est inférieur à 200/mm3. En pratique, la survie dans les PED n’est pas obligatoirement corrélée au taux des CD4, la mortalité précoce par tuberculose modifiant l’histoire naturelle du sida.

 

3.1- Les infections opportunistes (IO). Les IO sont pour la plupart communes à tous les PED, certaines étant spécifiques à certaines régions tropicales. Le manque de moyens diagnostiques  (scanner par exemple) expliquent la rareté, voir l’absence de certaines d’entre elles.

 

3.1.1- Les principales IO en Afrique sub saharienne

 

3.1.1.1- Les infections cutanéo-muqueuses sont souvent révélatrices de l’infection à VIH, en particulier le zona à virus varicelle zona (VZV) et la candidose oro-pharyngée. Le zona a été reconnu très tôt comme un indicateur précoce de l’infection à VIH. L’aspect clinique est classique, avec une fréquence plus élevée des zonas ophtalmiques et hyperalgiques. La candidose oro-pharyngée est très évocatrice. Associée à la candidose oesophagienne, elle a un retentissement important sur l’état nutritionnel.

L’herpès à herpès virus simplex (HSV) de siége périnéal est exulcéré et particulièrement douloureux.

Les condylomes vénériens et le molluscum contagiosum  sont profus ou étendus. Les lésions pigmentaires du prurigo réalise «le look du sida ».

 

3.1.1.2- Les infections pulmonaires sont dominées par la tuberculose, les pneumopathies bactériennes et la pneumocystose.

 

La tuberculose est l’infection la plus fréquemment associée au sida tropical. En 1981, le taux de déclin de la tuberculose était faible, inférieur à 3%, en Afrique sub saharienne. La situation était donc propice à une recrudescence de la tuberculose lorsque l’infection à VIH a débuté. La localisation la plus fréquente de la  tuberculose est pulmonaire, mais on observe fréquemment des tuberculoses extra-pulmonaires, isolées ou associées à la tuberculose pulmonaire. Les aspects cliniques et radiologiques de la tuberculose pulmonaire sont souvent atypiques : fréquence des signes généraux et à l’opposé rareté des signes pulmonaires (hémoptysies, par exemple), fréquence des opacités réticulo-nodulaires et des opacités micro-nodulaires à type de miliaires et à l’opposé rareté des cavernes. Mais, l’expression clinique de la tuberculose chez le malade sidéen est remarquable par la diffusion des lésions. Les localisations ganglionnaire, pleurale, péricardique, splénique, méningée… sont fréquentes. Des examens complémentaires, telle que l’échographie abdomino-thoracique, ont permis de diagnostiquer les attentes multifocales chez les tuberculeux. La tuberculose est cause d’une mortalité précoce.

 

La fréquence des pneumopathies bactériennes, dues le plus souvent à Streptococus pneumoniae, est élevée. Leur aspect clinique, radiologique et thérapeutique n’a rien de particulier. Cependant, il faut toujours se méfier de la tuberculose dans sa forme aiguë pneumonique ou d’une tuberculose surinfectée.

 

La pneumocystose à Pneumocystis carinii est classiquement rare en Afrique. Elle n’est  diagnostiquée que si les conditions de diagnostic classiques (lavage broncho-alvéolaire, colorations spéciales) sont réalisables. Il en est de même des mycoses pulmonaires, essentiellement candidose et cryptococcose.

 

3.1.1.3- Les infections neuro-méningées sont dominées par le cryptococcose à Cryptococcus neoformans. Elle réalise une  méningite subaiguë ou une méningo-encéphalite, mais le tableau classique est souvent atypique limité à une fièvre et/ ou à des céphalées. Le liquide céphalo-rachidien peut être normal. Le diagnostic repose sur la coloration du LCR à l’encre de Chine, technique simple, sur la recherche de l’antigène cryptococcique et la culture sur milieu de Sabouraud.

 

La toxoplasmose à Toxoplasma gondii, essentiellement cérébrale, n’est diagnostiquée  que si un scanner est réalisable. La présence d’anticorps spécifiques n’est pas un argument suffisant pour affirmer une localisation cérébrale.

 

3.1.1.4- Les infections digestives sont fréquentes, entraînant une symptomatologie évocatrice : dysphagie, associée aux douleurs rétro-sternales, due à une candidose oesophagienne  d’aspect caractéristique en endoscopie ;  diarrhée chronique et/ ou aigue , symptôme le plus fréquent du sida en Afrique. Elle est due à des protozoaires : Cryptosporidium parvum, qui est cause de diarrhée cholériforme, Isospora belli, Cyclospora cayetanensis décrit dans le sud-est asiatique, mais de répartition mondiale, à des bactéries : salmonelles non typhiques, Clostridium difficile, Escherichia coli entéroaggrégant ou à des helminthes non opportunistes, en particulier des larves d’anguillules.  Ces infections digestives contribuent à la dénutrition des malades.

 

3.1.1.5- Les bactériémies sont dues aux pneumocoques ou aux salmonelles non typhiques,  principalement Salmonella typhi murium et S. enteritidis

 

3.1.1.6- Certaines IO sont rares en Afrique subsaharienne comme les microsporidioses, cause de diarrhée aqueuse, les mycobactérioses atypiques essentiellement à Mycobactérium avium intracellulare, cause d’atteintes pulmonaires sur séquelles de tuberculose et de septicémies, soit que les techniques de diagnostic ne soient pas réalisables, soit que les malades soient  décédés avant le stade de dépression immunitaire majeur (CD4 < 50/mm3), en particulier de tuberculose. Ainsi, la rétinite à Cytomégalovirus, dépistée par un simple examen ophtalmologique avec fond d’œil, est rarement rapportée.

 

Au total, candidose, tuberculose, salmonelloses, cryptoccccose sont les infections opportunistes les plus fréquemment diagnostiquées en Afrique sub saharienne. Leur fréquence respective varie selon les zones géographiques.

 

3.1.2- Les principales IO en Asie. Candidose orale et œsophagienne, tuberculose, cryptococcose, pneumocystose sont les IO les plus souvent rencontrées en Asie. Une mycose systémique opportuniste a émergé avec le sida dans le sud est asiatique : la pénicilliose due à Pénicillium marneffei. Elle représente actuellement dans le nord de la Thaïlande la troisième IO après la tuberculose extra-pulmonaire et la cryptococcose neuro-méningée. Elle est aussi considérée comme un des critères diagnostiques du stade sida. La clinique est polymorphe : fièvre, amaigrissement, anémie, éruption papuleuse généralisée avec nécrose centrale (dans 75% des cas) prédominant surtout au visage, toux, dyspnée, adénopathies, hépato-splénomégalie. L’infection est généralisée, la maladie toujours mortelle en l’absence de traitement. La recherche du champignon se fait dans le sang et la moelle à l’examen microscopique, après coloration au MGG, par culture sur milieu de Sabouraud, dans les biopsies de tissus (biopsies cutanées) après coloration au PAS et au Gomori-Grocot. Le traitement n’est efficace que si le diagnostic est précoce, l’itraconazole serait le plus efficace.

 

3.1.3- Les principales IO en Amérique Latine. Candidose orale et œsophagienne, tuberculose, pneumocystose, toxoplasmose cérébrale, cryptococcose sont les principales IO rencontrées en Amérique latine. Les IO spécifiques à cette région, incluant les Caraïbes, sont essentiellement dues à des champignons :  l’histoplasmose américaine et la paracoccidioidomycose.

 

3.1.3.1- L’histoplasmose américaine due à Histoplama capsulatum var.capsulatum, est une mycose opportuniste classique en zone d’endémie où jusqu’à 35% des séropositifs développent la maladie. Les zones d ‘endémie sont l’Amérique centrale et du sud, en particulier la Guyane française, les Antilles. Au cours du sida, la forme disséminée réalise une maladie septicémique polyviscérale. Le diagnostic se fait par la mise en évidence des histoplasmes intramacrophagiques dans le sang périphérique par coloration au MGG, après centrifugation du buffy coat que l’on peut mettre en culture.

3.1.3.2- La paracoccidioidomycose est une mycose due à Paracoccidioides brasiliensis, qui atteint les populations rurales du Brésil. La maladie aiguë est caractérisée par une atteinte de l’état général, des adénopathies, une hépato-splénomégalie. Le  diagnostic repose sur la mise en évidence du champignon à l’examen direct dans les produits pathologiques ou sur les coupes histologiques de biopsies : cellules «en roue de timonier» caractéristiques.

 

3.2- A côté des IO, on observe au cours du sida tropical des atteintes tumorales

 

3.2.1- Le sarcome de Kaposi, en pratique la seule néoplasie retrouvée en Afrique, est de type épidémique, lié à l’Human Herpes virus de type 8 (HHV 8), caractérisé par des lésions cutanées étendues et disséminées, des lésions muqueuses et viscérales, mais qui peut aussi se présenter sous une forme localisée peu extensive. Le diagnostic est histologique avec une double prolifération cellulaire, cellules fusiformes groupées en faisceaux et formations vasculaires.

3.2.2- Quant aux lymphomes de type B, ils sont liés au virus Epstein-Barr (EBV). Le lymphome de Burkitt (LB) est rarement rapporté. Il a une présentation similaire au LB sporadique, localisé fréquemment à l’abdomen et très rarement au niveau des mâchoires et des parois orbitaires.

 3.2.3- Une prolifération d’origine vasculaire, l’angiomatose bacillaire, est associée chez les malades sidéens à la présence d’une bactérie, Bartonella henselae , visualisée à la coloration argentique de Whartin Starry. Elle a été rarement décrite en Afrique. Elle doit être évoquée devant des lésions évocatrices de sarcome de Kaposi.

 

Il faut insister sur la fréquence des manifestations opportunistes infectieuses et/ ou tumorales associées.

 

4.    Le diagnostic 

 

Il est basé sur deux tests sérologiques différents enzyme-linked immunosorbent assay (ELISA). Le diagnostic définitif, basé sur un test de confirmation de type Western Blot ou immunoblot, ne peut être posé que 4 à 6 semaines après la date présumée du contage. Ce test de confirmation est réalisé en pratique en cas de  discordance entre les deux tests ELISA.

Dans les zones où l’ELISA n’est pas réalisable, les tests rapides sont utilisés. Deux tests rapides (TR), l’un plus sensible (TR1), l’autre plus spécifique (TR2), donnent des résultats en quelques minutes. Trois résultats sont possibles : négatif qui est le seul rendu, douteux ou positif : les prélèvements sont alors adressés pour contrôle au laboratoire de référence.

Deux problèmes diagnostiques sont difficilement résolus en zones tropicales :

- le diagnostic biologique de la primo-infection : les techniques d’identification de l’ARN viral par PCR nécessitent des laboratoires  spécialisés. Mais, le sujet infecté consulte exceptionnellement à ce stade ;

- le diagnostic biologique chez l’enfant (transmission mère enfant) pose par contre un problème quotidien : le test de confirmation n’est  positif  qu’après l’âge de 18 mois. Les techniques d’identification de l’ARN viral par PCR permettent d’identifier 1/3 des enfants infectés dès la naissance (correspondant aux contaminations in utéro), les 2/3 restant étant identifiés secondairement en règle jusqu’à 3 mois et exceptionnellement entre 3 et 6 mois.

 

5- Les situations préoccupantes dans les PED

 

5.1- Transmission du VIH de la mère à l’enfant (TME)

Pendant l’année 2001, 800 000 nouvelles infections et 610 000 décès par sida sont survenus chez des enfants de moins de 15 ans. Dans la majorité des cas, ces infections ont été transmises par la mère et plus de 90% sont survenues en Afrique subsaharienne. La TME du VIH-1 (le VIH-2 est très rarement transmis à l’enfant) se fait soit pendant la grossesse, soit au cours du travail et à l’accouchement, soit au cours de l’allaitement. En l’absence de traitement préventif, 35% des enfants sont infectés dont 10% pendant la grossesse, 15% pendant le travail et environ 10% pendant l’allaitement. L’efficacité remarquable de l’AZT pour réduire la THE du VIH chez les femmes n’allaitant pas leurs enfants a été démontrée dès 1994 dans les pays industrialisés.(8% vs 26%). Il en a été de même dans les PED, même lorsque l’AZT a été commencée très tardivement à 36 semaines de grossesse (9% en Thaïlande où les enfants étaient allaités artificiellement). La nivérapine en une seule dose au début du travail et chez le nourrisson dans les 72 heures de la naissance entraîne un taux de transmission < 12%. Le schéma thérapeutique préventif le moins coûteux pour une activité maximale associe AZT à partir du 3ème trimestre de la grossesse et une dose de névirapine à la mère au début du travail et à l’enfant dans les 72 heures de la naissance, puis l’allaitement artificiel et le traitement par AZT des nouveaux-nés pendant 6 semaines. Cependant, l’allaitement artificiel est difficile dans des conditions d’hygiène précaire.

 

5.2- Infection par le VIH de l’enfant

Un enfant africain présentant des polyadénopathies, une hépatosplénomégalie, une candidose buccale ou ayant présenté plusieurs infections ORL, bronchiques et/ou digestives à une quasi-certitude d’être infecté par le VIH. En l’absence de laboratoires spécialisés, le diagnostic de certitude est porté par la sérologie 15 à 18 mois après la naissance. En pratique, beaucoup d’enfants décèdent avant d’infections sévères. L’évolution du sida est chez l’enfant bimodale : environ 15% présentent dans les premiers mois de la vie un déficit immunitaire sévère et décèdent, 85% ont une infection d’évolution lente proche de celle de l’adulte.

La mortalité est à la fois très importante et précoce : 90% à l’âge de 3 ans. La première cause de mortalité sont les infections respiratoires (50 à 90%) représentées par les pneumopathies à Pneumocystis carinii (20 à 30% des causes de décès à l’autopsie), les pneumopathies bactériennes, la tuberculose, la cytomégalovirose  et les infections digestives (10% des causes de mortalité), en particulier la cryptosporidiose.

La prévalence de la malnutrition proteino-énergétique est élevée, de type marasme, associée à des carences en vitamines (vitamines A et E) et en sels minéraux (zinc, sélénium).

La pathologie tumorale est due à la co-infection avec l’EBV (Lymphome de Burkitt) et avec l’HHV8 (fréquence du Sarcome de Kaposi chez l’enfant < 5ans), et à la pneumonie interstitielle lymphoïde.

 

5.3. Infection par le VIH et tuberculose

Le VIH est le facteur le plus propice au passage de l’infection latente par Mycobacterium tuberculosis (MT) à la maladie évolutive. Dans les pays à forte prévalence de tuberculose, entre 3,4 et 10% des adultes infectés par le VIH font une tuberculose évolutive chaque année. Il y a 1 700 000 décès par tuberculose. La priorité de la lutte antituberculeuse reste le dépistage et le traitement des cas évolutifs,  mais de nombreux PED n’ont pas pu atteindre les objectifs mondiaux, consistant à dépister 70% des cas infectieux et à guérir 85% des cas dépistés en l’an 2000.

Le traitement curatif comporte quatre médicaments pendant les 2 premiers mois (INH, rifampicine, pyrazinamide, ethambutol), puis deux médicaments (INH, rifampicine) pendant au minimum 4 mois en cas d’atteinte pulmonaire, voire plus en cas d’atteintes graves et/ ou extrapulmonaires. Les ARV ne doivent être mis en route qu’après au moins un mois de traitement antituberculeux bien conduit. En effet, la reconstitution immunitaire induite par les ARV est parfois responsable de manifestations paradoxales avec exacerbation des symptômes initiaux, voir apparition de nouveaux signes.

Le traitement préventif  permet de prévenir la tuberculose chez les sujets infectés par le VIH avec une IDR à la tuberculine positive, qui ne sont pas atteints de tuberculose évolutive. Le traitement recommandé est l’isoniazide, en dose quotidienne auto-administrée à raison de 5mg/kg (maximum 300 mg) pendant 6 mois. Il réduit le risque d’apparition de la maladie évolutive à court terme de 40%.

 

5.4- Co-infections  VIH –VHC et VIH-VHB:

La prévalence de l’infection à VHC sous les tropiques (les taux de prévalence sont de 5,3% en Afrique, 2,4% en Asie du sud-est) explique la fréquence de la co-infection VHC-VIH. L’infection à VIH augmente la réplication virale du VHC et surtout double la fréquence d’évolution vers une cirrhose. La progression de l’HVC vers la cirrhose est corrélée aux taux de CD4 (plus rapide si CD4 < 200/mm3). En théorie, la prise en charge de la co-infection VIH-VHC commence par la prise en charge de l’infection à VIH. Dans un deuxième temps, le traitement de l’HVC associe interféron pégylé et ribavirine.

La co-infection VIH-VHB est à rechercher systématiquement compte-tenu de la haute prévalence de l’infection à VHB en zones tropicales (> 8%). Si l’AgHBs est présent, il faut rechercher une réplication du VHB par l’ADN viral et l’AgHBe et une coinfection avec le virus D. Les manifestations cliniques de la coinfection VIH-VHB ne se distinguent pas de celles de l’hépatite chronique C. La maladie est le plus souvent silencieuse jusqu’à la survenue des complications de la cirrhose. La réponse à l’interféron alpha  est très rare, la lamivudine entraîne une négativation transitoire de la multiplication virale et un risque de mutation virale. L’adéfovir dipivoxil est efficace y compris sur les virus résistants.

 

5.5- Co-infection VIH-leishmaniose

La coinfection VIH-leishmaniose, principalement viscérale, est connue dans les pays du sud de l’Europe, les toxicomanes par voie intraveineuse représentant la principale population à risque. Les cas de co-infections augmentent en Afrique de l’est et dans le sous-continent indien où l’homme est la seule source d’infection pour le phlébotome vecteur. Le risque que représentent les patients co-infectés comme réservoirs, en raison de la présence et de l’abondance des leishmanies dans leur sang périphérique a été récemment confirmé. La prévalence de la co-infection serait de 1 à 3%, ce qui est préoccupant pour les années à venir en zones d’endémie. 

 

6. Les programmes de lutte. La lutte contre le VIH/SIDA repose sur l’utilisation du préservatif, la sécurité transfusionnelle, le traitement des IO, la réduction de la TME, l’utilisation des multithérapies.

 

6.1- Les traitements

 

6.1.1-Ils sont limités le plus souvent dans les PED aux traitements des infections opportunistes, pour lesquelles un nombre relativement limité de médicaments sont efficace :

- amphotéricine B, kétoconazole, fluconazole, itraconazole pour les infections mycosiques,

- cotrimoxazole pour les parasitoses (pneumocystose, toxoplasmose, isosporose),

- ganciclovir, acyclovir pour les infections virales,

- antibiotiques spécifiques ou non (antituberculeux pour la tuberculose évolutive, cotrimoxazole ou fluoroquinolones pour les salmonelloses).

La disponibilité, le coût font que beaucoup de malades ne peuvent pas en bénéficier. Cependant, la tuberculose bénéficie déjà dans beaucoup de pays de la gratuité dans le cadre de programmes nationaux. Il n’a pas en pays tropical de prophylaxie secondaire, ni primaire de ces infections opportunistes, sauf pour la tuberculose non évolutive. Une prophylaxie au cotrimoxazole doit être accessible à tous, son coût est peu élevé et son efficacité remarquable. La prévention des IO est en partie assurée chez les nourrissons infectés par les vaccinations du PEV (y compris le BCG en l’absence de sida). Une supplémentation en vitamine A et autres vitamines et oligoéléments est utile.

 

6.1.2          Le traitement de l’infection à VIH

Les bons résultats obtenus par la stratégie HAART (Highly Active AntiRetroviral Therapy) avec les trithérapies, comportant un inhibiteur de protéase (IP), obligent à traiter tous les VIH/SIDA dans le monde. Ceci, d’autant que toutes les trithérapies, quelles soient de type 2 inhibiteurs nucléosidiques (INTI) + 1 IP ou 2 INTI + 1 non nucléosidique (INNTI) ou 3 INTI, ont globalement montré leur intérêt. Aujourd’hui, dans les PEV, les trithérapies sans IP, génériques de laboratoires indiens, sont souvent prescrites. Les ARV sont déjà utilisés au Brésil et en Thaïlande, et des programmes en cours ont prouvé la faisabilité de l’accès aux ARV dans les pays africains. La baisse conséquente du prix des ARV, l’application élargie de l’initiative «Accelarating Access» d’ONU/SIDA, la mise en place du Fonds Mondial Santé/ Sida et l’accord «historique» signé le 30/08/2003 entre les 146 pays membres  de l’OMC qui ont donné leur «feu vert» à l’importation  par les pays du Sud de médicaments génériques dont les ARV, devraient permettre l’accès aux ARV à un plus grand nombre de malades des pays en développement.

Dans les pays industrialisés, le taux des CD4 et la charge virale sont pratiqués avant la mise en route du traitement par les ARV. Dans les PED, le traitement doit être prescrit sur la base de critères cliniques et de critères immunologiques simplifiés. Le sidéen est mis sous ARV au stade clinique IV de l’OMS indépendamment du taux des CD4 ou au stade II ou III avec un taux de lymphocytes inférieur à 1200/mm3. Ces critères correspondent assez bien aux stades avancés de l’infection à VIH/SIDA, lorsque le taux de CD4 est de l’ordre de 200/mm3 ou moins.

En 2003, on estime à 6 000 000 le nombre de personnes ayant besoin de traitement. En 2003 , à peu prés 400 000 personnes ont bénéficié d’un traitement antirétroviral, dont 100 000 en Afrique (2% du total des sidéens africains). L’OMS a lancé le 22/09/2003 l’initiative « 3 000 000 d’ici 2005 », dont l’objectif est de mettre 3 000 000 de patients sous traitement antirétroviral d’ici 2005.

Des centres de traitement sont déjà opérationnels en Afrique. Ils doivent être intégrés dans le système sanitaire local et associé aux Programmes Nationaux de Lutte contre le Sida (PNLS). L’ Organisation Pan-Africaine de Lutte contre le Sida (OPALS) et la Croix-Rouge Française (CRF) ont, à travers leurs Centres de Traitement Ambulatoire (CTA), prouvé que soigner le sida en Afrique, c’est non seulement possible, mais que cela permet également de mieux le prévenir. Assurer un traitement efficace contre l’infection à VIH/SIDA est la seule activité qui peut dynamiser et accélérer vraiment le développement de la prévention

 

6.2- Prévention : la prévention reste au cœur de toutes les interventions contre le VIH.

 

La quasi-totalité des adultes, voir des adolescents, vivant en régions tropicales ont entendu parler du VIH/SIDA. Cependant, il demeure des obstacles socioculturels aux stratégies préventives. Sept mesures préventives sont proposées.

 

6.2.1. Le renforcement des comportements sexuels à faible risque

La transmission par voie sexuelle est de loin la plus importante, favorisée par des pratiques comme le multipartenariat sexuel, la prostitution, etc…Elle est souvent le résultat d’un manque d’information, en particulier de la méconnaissance du rôle épidémiologique des  « porteurs sains » dans la transmission sexuelle. Il faut développer des mécanismes d’information qui amènent les adolescents et les jeunes adultes (les jeunes de 15 à 24 ans se situent à l’épicentre de l’épidémie de VIH) à comprendre qu’ils vivent dans un monde infecté par le VIH/SIDA et qu’ils doivent adopter des comportements sexuels à faible risque.

 

6.2.2. La promotion et l’encouragement à utiliser les préservatifs

En dehors de la fidélité et de l’abstinence , le préservatif est le moyen recommandé dans la prévention des Infections sexuellement transmissibles (IST), dont l’infection à VIH/SIDA. Ils sont accessibles dans tous les pays. Mais, il y a des réticences dans l’usage du préservatif, qui est pourtant la solution économique et fiable de protection dans la lutte contre les IST. Les rapports sexuels entre un individu infecté et un partenaire sain sont le moteur de l’épidémie du VIH. Lorsque le statut biologique des 2 partenaires est inconnu, ce qui est le cas le plus fréquent, les seules options sont des rapports sexuels sans pénétration ou les rapports protégés par le préservatif. Cependant, le préservatif n’a pas que des avantages Il est difficile à l’un des partenaires dans le contexte d’une relation stable de suggérer soudainement d’utiliser le préservatif. Il existe toujours un risque de rupture lors des rapports sexuels de pénétration (ce risque est inférieur à 1% lors de rapports vaginaux si l’utilisation est régulière et associée à une bonne lubrification).

 

6.2.3. La promotion de la sécurité transfusionnelle

L’infection à VIH se transmet par le sang contaminé. La transmission par le sang et les dérivés du sang diminue partout. Elle est  due à des transfusions de sang faites sans test du donneur dans de petites structures hospitalières, mais surtout à l’usage de seringues souillées réutilisées sans stérilisation préalable. La transmission chez les usagers de drogues injectables est rare en Afrique subsaharienne, mais elle augmente dans les grandes villes d’Amérique latine et d’Asie.

La prévention de la transmission transfusionnelle passe par une sélection clinique attentive et un dépistage biologique des donneurs de sang et par une limitation des indications thérapeutiques transfusionnelles. Le matériel d’injection doit être à usage unique.

 

6.2.4. La promotion de l’hygiène dans les milieux de travail

Le risque d’exposition accidentelle dans les milieux de travail, notamment dans le secteur de la santé, est réel. Tout liquide biologique est contaminant. Ce risque professionnel de transmission du VIH doit être minimisé par des mesures appropriées, mais le développement du dépistage et des traitements risque de l’augmenter dans les PED. Il se posera alors le problème de la prévention secondaire, la prise en charge des expositions accidentelles au VIH étant préconisée depuis qu’on a montré l’efficacité de l’AZT sur la transmission du VIH en cas d’exposition accidentelle de professionnels de santé.

 

6.2.5. La prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME)

La transmission périnatale est un des modes importants de transmission du VIH/SIDA dans les PED. Des programmes analogues à ceux de Thaïlande ont été lancés dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, mais le test VIH et la prophylaxie par la zidovudine y sont souvent mal acceptés. Là où l’allaitement maternel est une pratique quasi-générale, les femmes qui ne donnent pas le sein risquent de se voir stigmatisées comme porteuses du VIH. De plus, l ‘allaitement artificiel est difficile dans des conditions d’hygiène précaire.

 

6.2.6. Le renforcement du dépistage et du traitement précoce des IST

Les IST créent des micro lésions des parties génitales favorisant ainsi une porte  d’entrée du VIH. Il est démontré clairement l’existence d’une corrélation entre les IST et l’accroissement du risque du VIH. Le dépistage, tout comme le traitement précoce des IST, relève de la prévention primaire.

Il y a des programmes de lutte efficaces  contre les IST, et donc contre l’infection à VIH à transmission sexuelle, au Brésil et en Thaïlande. Dans ce pays, la prévalence du VIH/SIDA chez l’adulte aurait été de 10 à 15% en l’absence de programmes d’intervention, alors qu’elle est actuellement de 2%. Si ces programmes sont rares en Afrique subsaharienne,  ils sont efficaces dans certains pays, comme au Sénégal et en Ouganda, où l’on assiste à une diminution de l’incidence dans la population générale.

 

2.7. La promotion du conseil/dépistage volontaire confidentiel et anonyme 

Le diagnostic précoce de l’infection à VIH permet de mettre en œuvre un conseil et une thérapie appropriés. Par ailleurs, la promotion du conseil/dépistage aide au renforcement des comportements à faible risque chez les personnes dépistées et participe ainsi à la réduction de nouvelles contaminations.

 

La prévention secondaire, dont l’objectif essentiel est, en cas d’exposition au VIH, de réduire le risque d’infection par la mise en route d’un traitement le plus précoce possible afin de bloquer l’infection de l’organisme par le VIH et d’éviter la contamination, s’adresse, outre aux professionnels de santé exposés,  aux personnes ayant subi des violences sexuelles ou des viols, ce qui est malheureusement  fréquent dans les camps de réfugiés en Afrique subsaharienne.

 

Quant aux futurs vaccins contre le sida, ils devront faire l’objet d’essais dans les PED. Encore faudrait-il qu’ils soient bien adaptés aux souches qui circulent dans ces régions.

 

 

En conclusion, il faut espérer que les initiatives en cours favorisant l’accès aux ARV,  permettront aux malades sidéens des pays tropicaux de bénéficier des ARV. Ils permettent d’obtenir une reconstitution du système immunitaire, même chez les patients traités à un stade avancé de la maladie, associée à une nette diminution des affections opportunistes. Ainsi, la  physionomie du « sida sous les tropiques » serait profondément modifiée

 

 

Références

 

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Iconographies

 

Estimation du nombre total d’adultes ET d’enfants vivant avec le VIH/SIDA à la fin de 2003 (carte)

 

Prévalence médiane du VIH chez les femmes se rendant aux consultations prénatales dans les grandes villes de la région africaine de l’OMS, 2000-2002 (carte)

 

Les 3 groupes du VIH 1 et les 9 sous types du groupe M (carte)

 

Séropositivité des patients de l’hôpital de Kinshasa au Zaïre (Années 1984-1985)

 

Histoire naturelle de l’infection VIH/SIDA

 

Représentation schématique des marqueurs virologiques au cours de la primo-infection par le VIH (en l’absence de traitement)

 

Femmes africaines enceintes et infectées par le VIH

 

Sensibilité des tests diagnostiques  chez l’enfant né de mère séropositive pour le VIH (en %)

 

Nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA qui avaient besoin d’un traitement antirétroviral en  2003, par région de looms.

 

Prévalence du VIH chez les femmes enceintes en Afrique du Sud (1990-2001)

 

Utilisation du préservatif, prévalence du VIH et des IST chez le prostitué(e)s des maisons de passe, Cambodge, 1996-2001