GESTION DES RISQUES VOLCANIQUES A LA REUNION

Ph. GOMARD **, P. BACHELERY * , Y. DJARDEM**, G. HENRION**, P. BIEDA**,

A. BOURDE**

 

* Université de la Réunion, 97490 Sainte-Clotilde

** SAMU 974,  CHD de Bellepierre, 97405 Saint-Denis

 

RESUME: La Réunion présente un risque volcanique. Les moyens spécifiques à la Réunion, de surveillance, de prévention et d’organisation des secours plans de secours sont exposés.

 

MOTS-CLES :risque naturel, volcan, plans.

 

SUMMARY : Réunion Island is exposed to volcano eruptons. Specific surveillance, prevention and relief plans have been developped and implemented.

 

KEYWORDS : natural risk, volcano, plans.

 

I - RESUME

 

L’île de la Réunion représente le sommet émergé d’un important édifice volcanique composé de deux volcans dont un est encore en activité. Après un rappel sur les risques encourus par la population concernée en cas d’éruption, les auteurs décrivent les moyens de surveillance et de prévention puis l’organisation des secours avec le plan de secours spécialisé « éruption volcanique »  propre à la Réunion.

 

II - INTRODUCTION

 

Dans la nuit du 8 au 9 avril 1977, les habitants de la commune de Bois-Blanc  sont réveillés en sursaut : il faut évacuer d’urgence ; une coulée de lave se dirige sur les premières habitations. Depuis le 7 avril le Piton de la Fournaise est rentré en activité, la lave  s’écoule hors enclos. La sagesse légendaire du volcan est mise en doute. L’étonnement et l’inquiétude gagne la population de Piton Sainte-Rose commune voisine. Un jour après, une faille s’ouvre et une nouvelle coulée apparaît. Elle suit la configuration du terrain, rien ne l’arrête. Elle atteint bientôt les premières habitations. Les 1500 habitants de  Piton Sainte-Rose sont évacués. Des maisons sont détruites les unes après les autres ainsi que l’école et la gendarmerie, l’église, elle, est miraculeusement épargnée. La solidarité joue son plein dans toute l’île mais les dégâts sont très importants. Environ 10 millions de mètres cube de lave ont émises, une des éruptions les plus importantes connues.

En mars 1986 c’est au tour de la commune de Saint-Philippe d’être concernée. En fin de nuit sous la gigantesque pression du magma, une fracture s’est ouverte sur le Brûlé de Takamaka et deux longues coulées de lave s’échappent vers l’océan. On observe des projections jusque 300 mètres d’altitude, les explosions de poches d’eau souterraines provoquent des champignons noirs montant vers le ciel, un nuage chargé de souffre est visible sur la région. L’alerte est donnée et le plan ORSEC est déclenché. La population du village du Tremblet est évacuée. La progression des coulées est rapide et la route nationale 2 est bientôt coupée, des habitations sont détruites.

Le Piton de la Fournaise peut être considéré aujourd’hui comme un des volcans les plus actifs au monde. A titre d’exemple, on a pu montrer que la fréquence des éruptions sur les cinquante dernières années (période pour laquelle on dispose d’informations quasi continues ) était environ de une par an.

Compte tenu de la densité importante de la population de l’île et de la fréquence élevée des éruptions, il est clair que les risques liés aux éruptions volcaniques doivent être considérés avec attention. Dans ces deux cas récents on ne dénombre pas de victimes humaines, le bétail a été épargné mais les dégâts matériels sont importants.

 

Un observatoire volcanologique a été créé en 1980 par l’institut Physique du Globe de Paris, avec deux missions essentielles : recherche et surveillance. Un Plan de Secours Spécialisé «  éruptions volcaniques » est aussi  maintenant l’outil indispensable pour la prise en charge de la population.

 

III - LES RISQUES VOLCANIQUES À LA RÉUNION

 

Les volcans boucliers basaltiques tel que le Piton de la Fournaise ne sont pas considérés, à juste titre, comme générateurs d'un risque volcanique important, ceci du fait de la quasi-absence de phénomènes éruptifs violemment explosifs susceptibles d'occasionner des pertes importantes parmi les populations vivant autour du volcan. Leurs manifestations peuvent cependant constituer une menace pour les populations, les aménagements, les biens ou l'environnement.

Sur ces volcans, les risques naturels sont, bien évidemment, associés aux phénomènes éruptifs (recouvrements par les coulées, retombées de projections, dynamismes explosifs…) mais peuvent également résulter d'instabilités gravitaires à l'origine de mouvements de flancs ou de parois.

 

Au Piton de la Fournaise, deux catégories de risques naturels peuvent être envisagées :

- Les risques directement associés à l'activité éruptive ;

- Les risques dus aux mouvements de terrain résultant d'instabilités locales ou de phénomènes tectoniques plus vastes.

 

Nous limiterons ici notre propos au premier type d’événement qui constitue l’aléa le plus fréquent au Piton de la Fournaise.

 

a) - Le fonctionnement actuel du Piton de la Fournaise et le risque éruptif

 

L'étude de l'activité éruptive du Piton de la Fournaise au cours de la période historique (depuis     1640 environ, début du peuplement de l'île de la Réunion) met en évidence la grande fréquence des éruptions de ce volcan (une tous les ans en moyenne), ainsi que le caractère très effusif de la majorité d'entre elles, se traduisant par l'émission de longues coulées de lave basaltique dont certaines atteignent les pentes basses du volcan et les zones habitées.

La durée des éruptions est variable, comprise entre quelques heures et moins de 2 mois pour près de 90 % d'entre elles. Dans la plupart des cas, les coulées sont issues de fissures ouvertes à plus de   1800 mètres d'altitude ; elles ont alors plus de 10 km à parcourir avant d'atteindre la côte. De ce fait, seules les plus volumineuses peuvent atteindre les zones littorales du volcan qui sont elles, habitées. Ce fut le cas à 14 reprises au cours du XIX ème siècle et à 6 reprises au cours du XX ème siècle.

L'essentiel de ces coulées, environ 95 %, est issu de fissures éruptives ouvertes à l'intérieur du système caldérique le plus récent, appelé Enclos Fouqué. Cette dépression, ouverte à l'est vers la mer, limite l'extension des coulées, maintenant celles-ci dans une zone dépourvue de toute habitation ou installation.

A six reprises, au cours de la période historique, des coulées ont été émises depuis des fissures ouvertes à l'extérieur de la caldeira de l'Enclos Fouqué, selon les axes de fracturation (rift zones) se développant vers le nord-est ,axe de Sainte-Rose, et vers le sud-est du volcan, axe de Saint-Philippe. Lors de ces éruptions latérales, alimentées par un magma stocké dans la zone centrale de l'édifice volcanique, des évents éruptifs sont susceptibles de s'ouvrir très loin du sommet du volcan, jusqu'à des altitudes très basses (30 mètres lors de la dernière phase de ce type en Mars-Avril 1986), donc dans des régions habitées.

Si l'extension des coulées reste relativement limitée, la dispersion des projections peut affecter une zone beaucoup plus large et atteindre des régions parfois éloignées du volcan. Dans certaines conditions, ces projections peuvent constituer un risque pour la population ou le bétail. C'est notamment le cas lors des éruptions magmatiques majeures caractérisées par de violents dégazages à l'origine de la formation de puissantes "fontaines de lave". Les projections formées sont alors riches en filaments vitreux dénommés "cheveux de Pelé". Ceux-ci peuvent être facilement dispersés par les alizés et transportés jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres de leur lieu d'émission. Ces fibres de verre sont susceptibles de polluer les pâturages, cultures ou captages d'eau, avec un risque de perforation intestinale pour le bétail. En moyenne 6 à 7 fois par siècle, de telles émissions sont recensées, avec des chutes de cheveux de Pelé en divers points de l'île, parfois jusqu'à plus de         60 km du volcan.

 

Les phases éruptives à dynamisme explosif, de type phréatique et phréatomagmatique, font également partie des manifestations courantes sur un volcan comme le Piton de la Fournaise bien qu'elles ne soient pas très fréquentes. Au cours de la période historique, de telles manifestations ont eu lieu à 10 ou 12 reprises au niveau des cratères sommitaux soit, en moyenne une phase explosive tous les 30 ans. La dernière d'entre elle fut associée à l'effondrement d'un nouveau "pit-crater" à l'intérieur du cratère sommital Dolomieu en Mars 1986. Ces éruptions résultent de l'interaction de l'eau phréatique stockée dans l'édifice volcanique, avec le magma basaltique ou la chaleur apportée par ce magma sans qu'il y ait alors de contact direct avec ce dernier. Au Piton de la Fournaise, durant la période historique, la majorité des éruptions phréatiques ou phréatomagmatiques sommitales ont eu lieu entre 1760 et 1860.

Des éruptions phréatomagmatiques paroxysmales ont également été décrites dans le passé récent du Piton de la Fournaise. La répartition des dépôts laissés par ces éruptions est sans commune mesure avec celle des éruptions historiques décrites précédemment. Il s'agit là d'événements cataclysmiques dont aucun n'a encore été observé depuis l'arrivée de l'homme à la Réunion (le dernier date d'environ 4200 ans).

Ces éruptions sont caractérisées par d'importants dépôts de retombées aériennes de cendres et blocs. La zone couverte par les dépôts peut atteindre plusieurs centaines de km2, mais lors d'une éruption de cette ampleur, l'ensemble de l'île peut être concerné par les effets volcanologiques ou sismiques d'un tel cataclysme. Il s'agit là d'événements majeurs dans l’histoire des volcans boucliers basaltiques.

 

b) - Principales méthodes appliquées à la surveillance volcanologique.

 

Les méthodes de surveillance des volcans sont basées sur l'étude des phénomènes qui accompagnent les mouvements internes ou la montée du magma. Une modification des conditions d'équilibre interne engendre mises en contrainte et fissurations, et donc des séismes, des déformations de l'édifice, des variations du champ magnétique local, ainsi que des perturbations des circulations de fluides et de gaz, qui constituent les principaux paramètres enregistrables permettant un suivi continu de l'activité du volcan.

 

1) - Sismicité : Les instabilités dans les chambres magmatiques du volcan font varier les contraintes dans l'édifice et engendrent des secousses sismiques. Ce type d'observations permet d'utiliser la sismologie comme une méthode de prévision des éruptions volcaniques. C'est l'augmentation de la sismicité qui a permis de donner l'alerte puis de prévoir l'imminence des éruptions et leur localisation au cours de ces dernières années au Piton de la Fournaise. Les études des signaux générés par les micro-ruptures de l'édifice, la localisation des sources des séismes, la caractérisation mécanique des (ruptures fragiles émettant des signaux hautes fréquences de type cisaillement, fracturation par augmentation de pression des fluides magmatiques ou phréatiques de type traction émettant des signaux basses fréquences), l'imagerie par tomographie sismique qui permet de visualiser les contrastes de rhéologies dans le volcan (localisation des réservoirs magmatiques).

 

2) - Etude des déformations de l’édifice : L'injection de magma d'origine profonde dans les chambres et réservoirs magmatiques, les migrations magmatiques vers la surface, les perturbations du système hydrothermal du volcan, déforment l'édifice, le "gonflent", le fissurent et en modifient la géométrie, avant et pendant l'éruption. La surveillance des déformations de surface conduit donc à l'étude des variations de la géométrie du volcan quantifiables par les méthodes de métrologie fine. Cette connaissance des modifications de la géométrie externe de l'édifice aide aussi bien à prévoir les éruptions qu'à contraindre la modélisation  des réservoirs magmatiques (tailles, profondeurs).

 

3) - Electro-magnétométrie différentielle : Lorsqu'un système volcanique entre en activité, les variations électromagnétiques induites se superposent à celles qui seraient observées en période de calme. L'étude temporelle des mesures différentielles et leur évolution spatiale, à l'aide d'un réseau

de plusieurs stations magnétiques et électriques télémétrées, permettent de quantifie les variations de contraintes ou de circulations des fluides dans le massif.

 

4) - Suivi des émanations gazeuses : Un magma est un bain de silicates fondus qui contient des gaz dissous. Lors du transfert et du stockage magmatique, ces constituants sont proches de l'équilibre thermodynamique à haute température et moyenne à basse pression. La remontée du magma et l'ouverture des fissures entraînent une dépressurisation et un dégazage du magma. Les solubilités des différents gaz magmatiques étant variées, cette dépressurisation entraîne un dégazage différentiel. L'analyse de la composition chimique des fumerolles renseigne alors sur l'évolution du processus magmatique.

Par ailleurs, les massifs volcaniques tels que le Piton de la Fournaise, constituent des reliefs donnant naissance à des précipitations abondantes. Ces eaux météoriques alimentent des nappes phréatiques dont il est possible de suivre le comportement. Ce suivi de l'évolution du système hydrique et hydrothermal du volcan peut être réalisé par les méthodes électromagnétiques, mais aussi par la mesure de l’émanation du radon, gaz radioactif transporté dans les circulations hydrothermales, permettant de déceler de faibles perturbations dans cette circulation.

 

c) - L’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise.

           

L'Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise est un établissement public de recherche dont la vocation est de contribuer à l'amélioration des connaissances des paramètres physiques et chimiques de ce volcan, de leur évolution au cours du temps, et de leur interprétation en termes de prévision et de surveillance des manifestations éruptives et tectoniques.

Cette action repose sur l'enregistrement des variations de ces paramètres, sur l'expérimentation et sur l'interprétation des données. Cette activité de recherche est essentielle et indispensable à toute tentative d'estimation des risques et de prévision de l'évolution à court terme et à long terme du volcan. Le développement des travaux de recherche permet aux scientifiques de prendre une part active aux missions de surveillance répondant ainsi aux besoins de sécurité des populations qui vivent dans l'environnement du volcan.

L' Observatoire est sous la responsabilité de l'Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP). Cette responsabilité a été confiée à l'IPGP par l'Institut National des Sciences de l'Univers (Centre National de la Recherche Scientifique).

L’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise assure le fonctionnement d’un réseau de surveillance constitué de 43 stations permanentes télémétrées (sismicité, déformations, magnétisme, géochimie), 27 stations permanentes non-télémétrées (déformations, géochimie) et 43 stations temporaires (sismicité, électromagnétisme). Il figure actuellement parmi les observatoires volcanologiques les mieux équipés au Monde.

L'Observatoire est en liaison étroite avec les autorités préfectorales du Département de la Réunion, à qui il transmet toute l'information sur l'évolution du comportement de l'édifice volcanique.

En 1983, il a été créé un Comité supérieur d’Evaluation des Risques Volcaniques (CSERV) dépendant du ministère de l’environnement. En cas de phénomène préoccupant, le CSERV est mis en alerte et conseille les autorités sur les mesures à prendre pour la sauvegarde des personnes et des biens. L’Observatoire est alors un outil indispensable pour le CSERV.

 

IV - PLAN DE SECOURS SPÉCIALISÉ « ERUPTIONS VOLCANIQUES »

 

En cas de crise grave, la seule prévention efficace consiste en l’évacuation des populations dans les meilleures conditions. Ceci suppose une solide information préventive de la population et la juste estimation par les observatoires du niveau de risque encouru.

Un plan ORSEC-Eruption Volcanique a tout d’abord été mis en place en 1982 remplacé en 1992 par le Plan de Secours Spécialisé « Éruption volcanique ». Ce plan de secours a pour but , d’une part de définir les missions des services publics et des organismes intéressés, d’autre part de prévoir la coordination de leurs actions. Le Plan comporte des «  fiches réflexes »  destinées à guider efficacement l’action des responsables locaux chargés de la sécurité des personnes et des biens.

En cas d’éruption volcanique, l’information et l’évacuation de la population des communes concernées se fera conformément aux dispositions du plan. Le plan ORSEC pourra être déclenché d’emblée, simultanément ou postérieurement à la mise en oeuvre du plan.

Plusieurs seuils de préalerte et d’alerte sont définis, correspondant à des phases différentes de mise en oeuvre du plan.

 

Mesures à  prendre concernant les autorités :

 

- Pré-alerte : Elle traduit une situation d’activité géophysique anormale (sismicité anormale, déformation significative du volcan...) . Cette alerte reste limitée à l’observatoire volcanique, à la préfecture  au service interministériel régional de défense et de protection civile, et la gendarmerie.

Cette situation anormale peut avoir 3 types d’issues :

- Elle débouche sur une crise éruptive (on passe alors en alerte) ;

- Elle se maintient pendant une période quelconque de un jour à une semaine ;

- Elle se termine par un niveau d’activité normal.

 

- Alerte : Il existe trois  phases d’alerte. Elles traduisent l’évidence d’une éruption imminente, puis l’existence d’une éruption dans l’enclos, ou hors enclos.

            - Alerte n° 1 : éruption imminente : L’observatoire détecte des signes d’une crise intrusive qui selon toute probabilité se traduira par une sortie de lave. L’alerte n° 1 est décidé par le préfet, une cellule de crise est activée à la sous préfecture de SAINT-PIERRE (ville proche du volcan) , elle suit l’évolution de la situation en liaison avec l’observatoire volcanologique du piton de la fournaise. L’accès à l’enclos est interdit. Si l’éruption ne se produit pas, il est possible de revenir en état de préalerte.

            - Alerte n° 2 : éruption dans l’enclos : Elle peut prendre deux formes différentes  :

-Alerte éruption enclos : elle traduit le déroulement de l’éruption dans l’enclos, sans danger pour la population. Le risque est très faible pour les communes de la côte ;

-Alerte Divers (gaz, cendres, cheveux de Pelée).

Elle traduit l’émission significative de ces produits, comporte si possible une estimation géographique des zones touchées de l’intensité du phénomène à la source. Elle suppose la mise en alerte des services de l’agriculture. La cellule de crise est maintenue, suit l’évolution, organise éventuellement les secours à des personnes en difficulté sur le site de l’éruption.

            - Alerte n° 3 : éruption hors enclos : Elle traduit une activité vers les zones basses hors enclos avec risques pour les habitations des zones de SAINT-PHILIPPE ou de SAINTE-ROSE. Elle peut faire suite à une alerte enclos par migration d’activité, mais également suivre directement le stade préalerte par apparition directe d’activité hors enclos. Deux niveaux d’alerte :

-Alerte activité hors enclos avec probabilité d’ouverture de fissures émettrice ;

-Alerte éruption hors enclos : les communes de la côte sont averties que le risque de coulée est important dans la zone indiquée.

Dès l’alerte n° 3 deux PC sont mis en place :

- Le PC OPS (poste de Commandement Opérationnel ) installé au plus près de l’événement, à  la sous préfecture de SAINT- PIERRE, activée par le sous préfet ;

-Le PC fixe à l’hôtel de la préfecture constitué des 5 services ORSEC :

            Police et renseignements

            Secours et sauvetages

            Soins médicaux et entraide

            Transports et travaux

            Liaisons et transmissions

Le président du Comité Supérieur d‘Évaluation des Risques Volcaniques (CSERV) devient le conseiller privilégier du préfet pour ce qui concerne l’évolution et les risques.

 

- Préparation évacuation : En fonction de l’extension des coulées de lave ainsi que les indications fournies par l’observatoire volcanologique du Piton de la fournaise et suivant les conseils du CSERV, le Préfet peut décider de mettre en oeuvre la préparation de l’évacuation des zones d’habitation susceptibles d’être concernées par le phénomène.

 

- Évacuation : Lorsque les populations sont directement menacées, le Préfet peut sur proposition du CSERV, décider de faire procéder à leur évacuation.


Principales phases de la mise en oeuvre du plan

 

ALERTE  3 : ERUPTION HORS-ENCLOS

L’Observatoire et la Préfecture se mettent en liaison avec le CSERV (Comité Supérieur d’Évaluation des Risques Volcaniques)

Le CSERV est le conseiller du Préfet

L’Observatoire Volcanologique se met à la disposition du CSERV

Activation des PC :  PC fixe Préfecture

                                 PC OPS installé au plus près de l’événement

ALERTE 2 : ERUPTION ENCLOS

L’Observatoire Volcanologique se met en liaison avec

            - Préfecture

            - Sous Préfecture de St-Pierre

            - Gendarmerie

            -I.P.G. (Institut Physique du Globe)

Maintient de la cellule de crise à la sous-préfecture de St-Pierre

La préfecture informe les services ORSEC, le CODIS et l’ONF

ALERTE 1 : ERUPTION IMMINENTE

L’Observatoire Volcanologique se met en liaison avec

            - Préfecture

            - sous-préfecture de St-Pierre

            - Gendarmerie

            - I.P.G. (Institut Physique du Globe)

Une cellule de crise est activée à la sous-préfecture de St-Pierre

La Préfecture « préalerte » les services ORSEC, le CODIS et l’ONF

PREALERTE :

l’Observatoire Volcanologique informe les autorités

- Préfecture

- Sous préfecture de St-Pierre

- Gendarmerie

- I.P.G. (Institut Physique du Globe)

 


PREPARATION EVACUATION

Le Préfet décide de la préparation de l’évacuation

EVACUATION :

            Le Préfet ordonne l’évacuation


Mesures à prendre concernant la population

 

- Préalerte : La population n’est pas tenue au courant

- Alerte n°1 : Déclenchée par le Préfet. Communiqué aux médias de la fermeture de l’accès au volcan , Pas de Bellcombe, enclos.

- Alerte n°2 : Éruption dans l’enclos. Fermeture de la RN2

- Alerte n°3 :Éruption hors enclos. Communiqués par l’intermédiaire des radios (RFO) sur l’état de la situation, indique les secteurs interdits, donne les consignes de sécurité pour la population. Mise en place du service « information  et relations publiques », délimitation des secteurs interdits et à évacuer éventuellement. La DDE et les Affaires maritimes balisent en mer la zone interdite à la navigation.

- Consignes de sécurité par voie d’affichage :

 

- Gardez votre sang froid

- Ne vous réfugiez pas dans le fond des vallées

- Ne séjournez pas dans les sous-sols

- Gagnez un endroit abrité et solide, pour écouter les consignes de sécurité à la radio

- Ne téléphonez pas

- Ne sortez pas et surtout ne vous approchez pas des zones éruptives 

- En attendant des consignes plus précises, si l’air est trop chargé en gaz ou cendres, protégez vous en respirant à travers un linge (humide de préférence)

- composez un petit bagage léger composé d’une couverture, d’une réserve d’eau potable et des papiers personnels de chacun, en prévision d ’une évacuation

 

- Préparation évacuation : Les communes concernées sont prévenues, les maires prennent les mesures nécessaires selon les plans communaux de secours, des permanences sont ouvertes. Les communes d’accueil sont choisies et les hébergements préparés, les conditions d’hygiène sont contrôlées par la DDASS. Mobilisation des moyens en personnel et matériel (DDE, FAZSOI, Gendarmerie) . Les centres Hospitaliers et le SAMU sont prévenus.

-Évacuations : Rassemblement des habitants  au niveau des points de ralliement. Bouclage du secteur dangereux par les forces de l’ordre, régulation de la circulation par CRS. Accueil des familles par des assistants sociaux, recensement des besoins, contrôle médical des évacués dans les centres d’hébergements.

 

 

VI - PREVENTION DU RISQUE

 

Le volcanisme de type effusif comme celui de la Réunion, du fait de la lenteur de l’évolution des phénomènes, la progression lente des coulées de lave, et grâce à la réalisation de cartographie des risques permet des prévisions assez exactes et permet à la population de se mettre à l’abri dans de bonnes conditions.

Ce n’est pas le cas du volcanisme explosif. Il est souvent difficile de prévoir la date précise du paroxysme éruptif dangereux. Les prises de décision sont difficiles, en particulier le déplacement de la population. Rentrent aussi en jeu des considérations politiques et économiques.

En 1902, les 28000 habitants de la ville de St-Pierre en Martinique sont maintenus en place lors de l’éruption de la montagne Pelée. Ils périront quelques jours plus tard.

Il y a quelques années, au Japon, les habitants de la ville industrielle de Sapporo ne sont pas évacués pour des raisons économiques, malgré la préparation d’une éruption importante du volcan qui surplombe la ville. Heureusement la nuée ardente évite la ville.

 

En Chine à Haicheng,  3 millions d’habitants sont évacués avec succès et sauvés d’une mort probable.

En 1976 évacuation de la ville de Canton pendant un mois en prévision d’un séisme qui n’a jamais eu lieu, la même année, en Guadeloupe, la soufrière se réveille, le Préfet décide l’évacuation de 75000 personnes pendant plusieurs mois avec les conséquences ruineuses pour l’économie de la région. Le volcan n’explosera pas.

Plus récemment à Montserra, malgré la décision d’évacuation et la mise en place des moyens, la promesse d’aide financière pour ceux qui désirent gagner les îles proches de la Guadeloupe et Antigua, et la possibilité d’obtenir un visa pour l’Angleterre, la population restante de l’île (environ 4000 personnes sur les 12000 initialement) hésite à partir. Les causes en sont autant individuelles, culturelles qu’économiques. Il y a l’incertitude sur les modalités de réinstallation, la peur de se retrouver à long terme dans des camps de réfugiés, et ces habitants vivent dans la partie nord de l’île bénéficiant d’une fausse tranquillité alors que l’île entière est menacée par une éruption volcanique majeure.

 

VII - CONCLUSION

 

L’île de la REUNION possède un des volcans les plus actifs au monde. Le Piton de la Fournaise présente un caractère éruptif effusif avec une activité permanente, des éruptions fréquentes, environ une par an. Ces éruptions ont lieu en général dans la zone dite de l’enclos. Cette région étant totalement inhabitée, le seul risque est de voir les routes coupées par les coulées. Cependant il existe des éruptions hors enclos avec de réelles menaces pour les personnes qui vivent sur les flancs de la Fournaise.

L’observatoire Volcanologique avec des réseaux de mesures géophysiques et géochimiques, est chargé de surveiller  l’activité du volcan. En cas de phénomènes préoccupants le CSERV (Comité Supérieur d’Évaluation des Risques Volcaniques) est mis en alerte, il devient alors le conseiller du préfet.

Le plan de secours spécialisé « éruptions volcaniques » est alors déclenché et permet l’organisation des secours. La population des secteurs exposés aura  préalablement été informée, des consignes de sécurité seront diffusées. L’analyse de la situation déterminera l’évolution des mesures à prendre jusqu’à l’évacuation. En cas de déplacement important de la population, le SAMU sera alerté ainsi que les différents hôpitaux. Bien que l’on ne dénombre pas de victime humaine au cours des éruptions recensées, les risques liés aux éruptions doivent être considérés avec attention, le SAMU reste un acteur privilégié avec la possibilité du  développement de ses moyens à tout moment.

L’activité du volcan étant de type effusif, il est possible de localiser et de prévoir l’évolution des éruptions, dés lors, les évacuations peuvent s’organiser de façon rationnelle. Le risque que présente cette activité est infiniment moindre que celui engendré par le volcanisme explosif dans lequel la prévision précise et quantifiée du risque est impossible d’où la difficulté de gestion de la crise. L’estimation de l’inflation irréversible de la crise donnera lieu à la mise en place de mesures de protection de la population.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

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TAZIEF H. «  La Soufrière et Autres Volcans  »

FLAMMARION éd. Paris 1978 ; 150 p.